La sorcellerie, déchirons maintenant le voile

Aujourd’hui, le vodoun imprègne toute la société béninoise

Par Didier Hubert MADAFIME

J’arrive un jour chez ma grand-mère, paix à son âme et elle me tient ce discours. ” Tout le monde ici est protégé contre les sorciers. Il ne reste que toi. Il faut que tu le fasses maintenant”. Pour elle, je suis très précieux, presque son patrimoine humain. Elle me considérait à la fois son premier garçon et son petit-fils. Ma grand-mère n’a que des filles. C’est donc ma maman qui a eu, parmi ses filles la chance de faire la première fois un garçon, donc, elle me surprotégeait.

Aussitôt, suis-je conduit, un coq à la main, chez un grand féticheur. Après quelques échanges de courtoisie entre ma grand-mère et  ce dernier, il prit le coq, l’étrangla et lui retira la langue. Il prit d’autres ingrédients dans sa sacoche et confectionna une boule avec le tout que j’ai avalée.  Par la suite il ajouta en me menaçant presque en ses termes : « si tu insultes un sorcier, il viendra se plaindre. A la première récidive, je vais plaider ton cas mais à la troisième, je te retire la boule et te livre.

Avant de prendre congé de lui, je me suis engagé à respecter scrupuleusement ses consignes. Je ne l’ai plus jamais revu et ne sais pas non plus si la boule est toujours dans mon ventre ou tout au moins si je reste immunisé. Cela fait quand même, un sacré bout de temps, à peu près une quarantaine d’années.

La sorcellerie, au fait, est comme le paludisme, chaque famille béninoise concentre toutes ses  forces pour la vaincre, parfois avec beaucoup de chance mais dès fois en vain. Et lorsque, s’introduit, malencontreusement un sorcier dans une famille, c’est plus que la bombe atomique. Ça anéantit, ça détruit et ça ruine.

C’est certainement pour cette raison que les révolutionnaires de 1972 ont organisé une chasse à l’homme contre les sorciers. Vielles comme vieux des villages du Bénin, furent arrêtés et jetés sans ménagement en prison et les gros arbres susceptibles de leur servir de refuge coupés.

La Radio nationale, à l’époque, fut mise à contribution et diffusait régulièrement les faits d’armes de chacun d’eux. C’est ainsi, qu’on a su que la sorcellerie est une organisation secrète et criminelle. Une dame m’a raconté un jour, qu’elle partageait la concession familiale avec un de ses oncles. Une nuit, alors qu’elle avait du mal à dormir, elle s’installa à sa fenêtre pour observer le temps défilé. Autour de 2 heures du matin, elle aperçoit l’oncle qui disparaît une fois arrivé au niveau du puits situé au beau milieu de la maison. Il en était sorti un grand oiseau, qui d’un voluptueux battement d’ailes,  se fondit dans la nuit noire. Vers 5 heures du matin, retour de l’oiseau dans le puits et l’oncle réapparaît aussitôt.

Je ne me garde de vous raconter la suite. En tout cas, le village, si vous y aviez passé votre enfance était un nid  de récits surréalistes dont on se rend compte bien plus que nos aïeuls avaient un sacré talent de scientifique et de magicien. Sans voiture ni vélo, ils savaient raccourcir les grandes distances, pour peu que l’envie de voyage se manifeste. Mon grand-père qui avait fait la guerre d’Indochine ne se privait pas de nous compter au moment crépusculaire,  comment sa section arrivait à massacrer l’ennemi sur le champ de bataille. Il lui arrivait de se rendre invisible.

Arrivé au collège, passé loin du cocon familial, je devrais faire un aller-retour par le train tous les week-ends pour aller chercher de quoi tenir la semaine. Un vieux qui avait de la sympathie pour moi m’a rendu gratuits les voyages parce qu’il trouvait anormal que le jeune  collégien que j’étais s’acquitte d’un ticket à chaque voyage. Ne chercher surtout pas à comprendre. C’est entre lui et moi.

En plus, il est loin le temps où des cérémonies sont organisées pour chasser et prémunir nos contrées des plus graves maladies. On, aurait certainement déjà liquidé le Covid19. Le Bénin, est un pays à multiples facettes. Mais, à l’intérieur, il y a du bon comme du mauvais. On les aurait développés si on n’avait pas été colonisé et contraint de subir une autre civilisation.

La thèse de Florent HESSOU doit être regardée comme un déclic pour susciter une prise de conscience individuelle et collective en vue de déchirer totalement le voile dont se couvre la sorcellerie afin que ses aspects positifs soient profitables à notre nation. Malheureusement, les réseaux sociaux ont roulé dans la boue les fruits de plusieurs années de recherche de Florent ” pour un mot mal utilisé ou mal placé ou tout au plus sorti de son contexte. Et ils sont nombreux ceux qui n’ont pris la peine de lire totalement le document.

Etant un spécialiste en gestion des risques et catastrophes et suite à mes investigations, je me rendre compte que le Fâ est un outil de gestion des risques et catastrophes même s’il reste à savoir comment prédire le temps sans utiliser la méthode scientifique. Il est important que les détenteurs des deux sciences puissent croiser leurs connaissances, au moment où le réchauffement climatique s’accentue sur le continent. C’est une bonne piste pour limiter les impacts et effets de la variabilité climatique et des changements climatiques.

La science occidentale, a eu les mêmes problèmes à ses débuts. C’est un crime de penser que nos méthodes empiriques ne peuvent pas s’affranchir de ces obstacles pour répondre aux défis que nous impose le futur. C’est ce que je crois !

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