Des comités de plaintes installés dans les zones côtières ivoiriennes dans le cadre du projet WACA

Les membres du comité de gestion des plaintes de Lahou-Kpanda

Par Gooré Médard ZADI

Dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’Investissement pour la Résilience des Zones côtières en Afrique en Côte d’Ivoire (WACA ResiP) cinq (05) comités de gestion des plaintes ont été installés et opérationnels dans la zone de Grand Lahou (au nord ouest d’Abidjan).

Une étape importante dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’Investissement pour la Résilience des Zones côtières en Afrique en Côte d’Ivoire (WACA ResiP) vient d’être franchie avec l’installation du 22 au 28 mars 2020, de 5 Comités Locaux du Mécanisme de Gestion des Plaintes (MGP) dans le département de Grand-Lahou, zone pilote du projet Waca.

Il s’agit des Comités Locaux de gestion des plaintes des villages de Lahou-Kpanda, de Groguida, de Likpiliassié, de Braffedon et du Comité Communal de gestion des plaintes de Grand- Lahou.

Ces comités créés par arrêtés préfectoraux ont été mis en place par M. N’guessan Kouakou Germain, Préfet du Département de Grand-Lahou en présence de l’équipe de WACA et des représentants de l’administration publique (corps préfectoral, Directeurs départementaux de ministères, représentant du Directeur Régional du Ministère en charge de l’Environnement, etc.),  des élus locaux  et des communautés locales.

Le Préfet du département de Grand-Lahou a participé à toutes les étapes de cette tournée d’installation et  prodigué des conseils aux membres des comités pour un exercice efficace et efficient de leurs fonctions.

«  Le projet WACA a été mis en place par le Gouvernement de Côte d’Ivoire avec l’appui financier de la Banque mondiale pour nous aider à lutter contre le problème d’érosion côtière auquel est confronté Grand-Lahou et particulièrement Lahou-Kpanda. J’exhorte toute la population à adhérer au projet et à s’impliquer pour trouver une solution durable au problème » a insisté le Préfet du département de Grand-Lahou.

Puis d’ajouter que le mécanisme de gestion des plaintes est un dispositif fiable mis en place pour  permettre aux populations, d’exercer leur droit de recours si d’aventure, des activités mises en œuvre par WACA venaient à causer des dommages. Il a invité les membres des comités à faire connaitre le mécanisme à toute la communauté afin qu’elle puisse y avoir recours en cas de litige.

Classée dans la catégorie A de l’évaluation environnementale de la Banque mondiale,  la réalisation des activités du projet WACA doit se faire dans un cadre respectueux des exigences et politiques en matière de sauvegarde environnementale et sociale de la Banque mondiale.

Les sauvegardes environnementales et sociales sont des mesures dont la Banque mondiale s’est dotée et qui sont mises en œuvre pour encadrer sur le plan environnemental et social, les éventuels effets néfastes inhérents à la mise en œuvre des projets et programmes qu’elle finance.

Les politiques de sauvegardes environnementales et sociales jouent de ce fait,  le rôle de garde-fou dans la préparation mais également dans la mise en œuvre des projets et programmes qui sont financés ou co-financés par la Banque mondiale afin de minimiser les effets négatifs de ses investissements et de maximiser les effets positifs.

Le mécanisme de gestion des plaintes (MGP) est donc l’un des instruments de sauvegardes environnementale et sociale qui accompagnent la mise en œuvre  du  projet WACA.

Ce MGP permet de s’assurer que les activités qui seront mises en œuvre ne créent pas de dommages aux populations.

Tout comme les autres instruments de sauvegarde, le mécanisme  de gestion des plaintes a été élaboré  de manière participative et inclusive avec les populations et diverses parties prenantes du projet suite à la consultation de tous les acteurs locaux.

Il s’appuie sur les principes et mécanismes de règlement des conflits qui étaient d’usage dans  les communautés des villages bénéficiaires du projet.                                             

Plusieurs principes fondent le mécanisme notamment la gratuité de la saisine des organes pour le règlement des plaintes, la confidentialité aux plaignants et aux protagonistes qui le souhaitent, l’équité dans le traitement des plaintes.

Le recours systématique au MGP est vivement encouragé dans le cadre du règlement des litiges et griefs qui pourraient découler de la mise en œuvre des activités du projet WACA.

La gestion des plaintes suscitées par la réalisation du projet WACA en Côte d’Ivoire est encadrée par une procédure en sept (7) étapes qui part de la réception, de l’enregistrement de la plainte par le Comité jusqu’à la clôture ou le renvoi de la plainte au Sous-Préfet ou au Préfet.

Les Comités Locaux au niveau des quatre (04) villages bénéficiaires du projet sont composés des représentants de la chefferie, des jeunes, des femmes et des mutuelles de développement.

Au niveau communal, le comité installé à Grand–Lahou  est composé des représentants des élus locaux, de la chefferie centrale, du personnel technique de la mairie, des jeunes et des femmes.

Ces comités auront pour rôle de recevoir, d’enregistrer les plaintes, de les traiter tout en assurant une veille continuelle de prévention des conflits.

Pour permettre aux membres des comités de s’approprier leurs missions et rendre le mécanisme opérationnel,  les cérémonies d’installation des comités ont été couplées par des séances de formation organisées par l’équipe WACA.

Ainsi,  MM. Gongbéi Mathieu, Spécialiste en Sauvegarde environnementale et Allo Guy, Spécialiste en Sauvegarde sociale ont instruit les participants sur la nature des plaintes à traiter, les  procédures de traitement des plaintes.

Après l’installation des comités de gestion des plaintes, Mme Ebrottié Marie, Spécialiste en Communication du projet, a sensibilisé les membres des comités et les communautés sur les enjeux du projet WACA et l’utilité des mesures de sauvegardes environnementales et sociales tout en mettant un accent particulier sur le MGP dans le cadre du projet WACA  et les raisons d’y recourir en cas de litige.

La sensibilisation dans le cadre de cette activité a permis aux  communautés elles-mêmes de proposer des moyens locaux pour faire connaitre le comité et vulgariser le MGP aux fins de lui assurer une visibilité véritable et d’impacter son taux de fréquentation.

Le littoral ivoirien occupe une place importante dans l’économie en termes de dotations de ressources naturelles terrestres et marines dont l’exploitation est source de création de richesses non seulement pour les populations qui y vivent mais également pour le pays du point de vue du Produit Intérieur Brut (PIB).

Cependant, le littoral connaît une dégradation avancée dont l’érosion côtière est la plus visible avec des conséquences négatives sur l’environnement naturel, le cadre de vie des populations et les activités socio-économiques.

Selon l’étude de la Banque mondiale réalisée par Croitoru et al. (2019) et intitulée ‘‘Le coût de la dégradation de la zone côtière en Afrique de l’Ouest: Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo’’ en 2017, la Côte d’Ivoire est le pays le plus affecté par les inondations, la dégradation du littoral avec un coût estimé à 2 milliards de dollars, soit l’équivalent de 4,9% de son PIB.

Face à la problématique de la dégradation du littoral, le gouvernement ivoirien a entrepris des actions en vue de freiner le phénomène. Ces actions portent sur des investissements et des mesures institutionnelles et législatives.

Ainsi, le Comité Interministériel de Lutte Contre l’Erosion Côtière (CILEC), le Programme National de Gestion de l’Environnement Côtier (PNGEC) sont mis en place respectivement en 2011 et 2014. La Loi relative à l’Aménagement, à la Protection et à la Gestion Intégrée du littoral, a été adoptée et promulguée en 2017.

Mais compte tenu de la complexité de cette problématique qui est transfrontalière, des solutions locales s’avèrent insuffisantes voire inefficaces.

Elle doit être traitée dans un cadre national et régional en référence aux spécificités locales.

Les activités de WACA ont démarré par une série d’études qui permettront de cerner les problèmes à résoudre, de proposer des investissements durables et des activités génératrices de revenus afin de renforcer la résilience des communautés et des zones côtières bénéficiaires du projet.

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