BENIN: La 9ème législature face à la question écologique

L’Assemblée nationale du Bénin

Par Didier Hubert MADAFIME

Sauf cas d’accident, ce mandat sera le plus court de l’histoire politique contemporaine du Bénin. En effet, le prochain scrutin est prévu pour 2026. A ce qu’il parait, il va permettre d’organiser toutes les élections à la même année, c’est-à-dire les élections générales (législative et communale simultanément et présidentielle).

De ce fait, les actuels députés n’ont, en tout et pour tout, que trois ans pour accomplir leur mission, celle de voter des lois et de contrôler l’action gouvernementale.

A priori, ils n’auront aucun temps de répit pour y faire face, tellement les enjeux politiques sont élevés. Alors, pourront-ils, en un si laps de temps se consacrer aux questions écologiques généralement reléguer au second plan pourtant aussi essentiel pour notre vivre ensemble et survie ?

Le tout premier obstacle aux enjeux écologiques est là et son nom, c’est le temps.

Sans être un oiseau de mauvais augure, les questions écologiques vont passer en arrière-plan. Elles seront loin et très loin des priorités des députés de la 9ème législature. S’il plait ensuite à certains parmi eux de vérifier le bilan écologique de la 8ème législature, ils trouveront que ce n’est pas aussi reluisant que ça.

Juste quelques lois dont les plus importantes sont : la loi sur les sachets plastiques, la loi sur les changements climatiques, la loi sur le littoral, la loi sur la pollution sonore, des lois, pas ou très peu connues du grand public. Or, les usages parlementaires veulent que le député communique avant et après le vote des lois avec les populations afin qu’elles soient suffisamment imprégnées de leur contenu. Rien de tel n’est souvent fait.

De toutes les façons, si quelque chose a été fait, son impact n’est pas significatif. L’exemple le plus patent est la loi sur les sachets plastiques. La législature passée ne peut donc pas être pour celle-ci un modèle de prise en compte des questions écologiques. « Au plus, les députés qui ont eu la chance de revenir diront aux nouveaux, c’est trop compliqué leur affaire-là et on a fait ce qu’on a pu ».

D’ailleurs, il a été rapporté que lors du vote de la loi sur les changements climatiques les députés n’auraient vu que du rouge. C’est vrai que parfois les thèmes sont rébarbatifs mais à ce niveau de responsabilité les députés doivent avoir une grande culture, de façon à pouvoir opiner sur toutes les questions actuelles.

On n’est pas sorti de l’auberge avec le nouveau parlement
Ça risque d’être la même chose avec la législature actuelle. Certains auraient pu être sensibilisés, tout au moins lors des passages des partis face à la presse lors de la campagne pour les législatives 2023, si la HAAC, la Haute Autorité de l’audiovisuelle et de la Communication n’avait pas exclue du champs des questions à poser aux représentants des partis en compétition, tout ce qui relève de l‘écologie.

Et pourtant, le paysage béninois reste encore vierge au regard des défis environnementaux et climatiques auxquels notre pays fait face. Il faut alors des textes adaptés pour amener le béninois à respecter l’environnement, à connaître le niveau de vulnérabilité face aux différents risques naturels, à savoir se rendre résilient.

Pour se faire le Bénin a besoin d’un tribunal pour l’environnement avec des juges formés pour ça. Il faut une loi sur l’écocide pour punir les forfaitures contre la nature. Il faut une loi sur la transition énergétique, une autre pour arrêter l’utilisation exagérée des pesticides. Il faut des lois pour l’utilisation de nos sols et une autre contre leur dégradation.

Des lois dans le domaine de l’habitat, comment bien construire les habitations dans un contexte de changement climatique. Il faut une loi pour rendre obligatoire la plantation d’arbre par chaque béninois. Il faut une loi qui oblige chaque commune à avoir un SIG, le Système d’Information Géographique, un outil qui permet au maire de mieux connaitre son territoire et d’éviter l’installation des établissements humains dans des zones à non aedificandi.

Il faut une loi pour renforcer le mecanisme des gestion des risques et catastrophes et une consacrée à l’aménagement du territoire afin de réduire l’étalonnement des villes bref, il faut penser à tout, sauf que les premiers signes qui arrivent de Porto-Novo ne sont pas encourageants pour les écologistes.

C’est mal barré
Lisez attentivement les cinq commissions constituées par le nouveau parlement et vous allez comprendre le scénario qui se dessine:
– Commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme
– Commission des finances et des échanges
– Commission du plan, de l’équipement et de la production
– Commission de l’éducation, de la culture, de l’emploi et des affaires sociales
– Commission des relations extérieures, de la coopération au développement, de la défense et de la sécurité.

Même pas une « petite place » à l’intérieur de ces commissions pour loger un mot ayant trait à l’environnement, ne serait-ce que pour faire semblant. C’est incontestablement là, la preuve du niveau de mépris affiché par les députés béninois à des questions tout de même vitales. Et pourtant, certains parmi eux ne vont pas bouder les réunions dans les commissions chargées de l’environnement au niveau de la sous-région.

Décidément, des questions qui font perdre le sommeil ailleurs sont traitées au Bénin comme de vulgaires préoccupations. Dans ces conditions, les béninois qui aspirent aussi à un environnement sain et viable ont sans nul doute de la « planche sur le pain » C’est ce que je crois.

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