Associer les femmes à la lutte contre le changement climatique

Femmes travaillant dans un champ expérimental à Mayahi (PHOTO: PNUD)
Femmes travaillant dans un champ expérimental à Mayahi (PHOTO: PNUD)

Par Ghizlaine Badri

Paradoxe ? Les femmes africaines sont très peu représentées dans les politiques relatives à la théorie du genre sur le continent.

Un constat que partageaient les différents représentants des institutions gouvernementales du Ghana, de l’Ouganda, du Nigeria, et du Maroc, lors de la table-ronde « Genre et changement climatique » organisée sous le Pavillon Afrique, le 9 novembre 2016, à la COP22.

Selon les chiffres de la BAD, seules 10 % des femmes africaines travaillant dans le secteur agricole bénéficient de prêts octroyés par les banques de leurs pays respectifs, ce qui représente 1 % seulement des crédits agricoles sur l’ensemble du continent.

Elles ne sont que 20% à détenir un compte bancaire formel et à peine 15 % être propriétaires en Afrique subsaharienne. Un bilan préoccupant qu’ont tenu à mettre en exergue les participants à ce panel dédié à la question du genre.

« Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes efficaces pour répondre aux efforts d’atténuation dans le secteur agricole, a déclaré Ninfried Lihuma, membre de la Commission nationale du Kenya sur l’égalité des genres. Il existe un fossé entre atténuation et adaptation, ce qui ne nous permet pas de mettre en place des politiques égalitaires en matière de théorie du genre pour rendre à la femme la place qui devrait être la sienne. Cet écart ne nous aidera pas à mettre en application l’Accord de Paris si, déjà, nous n’avons pas de données fiables pour affecter les budgets nécessaires. C’est un travail de longue haleine qu’il faut commencer d’urgence ».

Par ailleurs, la question abordée intéresse particulièrement la Banque africaine de développement (BAD), qui entend veiller à ce que le financement des technologies respectueuses du climat permette aux femmes africaines de participer davantage à l’adaptation des changements climatiques.

Tous les pays n’en sont pas au même stade. Certains intègrent déjà le concept de la théorie du genre dans la conception de leurs politiques, afin de les inclure dans les processus de décision, notamment en ce qui concerne les données sur le changement climatique.

« Au Ghana, nous avons pris conscience de l’importance du réchauffement climatique et d’intégrer la théorie du genre. À ce titre, nous avons un Conseil de protection de l’environnement, qui a la capacité de traduire en justice toute personne portant atteinte à la nature et au développement durable » a ajouté Angelina Mansantou, qui représentait le gouvernement ghanéen à cette table-ronde.

Le Nigeria a, quant à lui établi, une feuille de route qui vise les femmes et les enfants dans les zones rurales, dans le but de les inclure dans ses politiques nationales en matière d’accès aux financements pour leur offrir de meilleures perspectives de vie. Le Rwanda collabore avec l’Union africaine dans le domaine de la météorologie pour implémenter la théorie du genre dans ses stratégies de lutte contre les changements climatiques.

Enfin, Winnie Masiko, membre du parlement ougandais, a déploré que les parlementaires ne soient pas associés aux prises de décision dans le domaine : «  Il faut revoir les législations en Ouganda, Tanzanie et Ethiopie, car nous sommes très en retard à ce niveau. Une étude a démontré l’absence de femmes dans les prises de décision, ce qui n’est pas acceptable ! Il faut revoir la législation dans ces pays qui ne permettent pas aux femmes d’avoir les droits élémentaires auxquels elles aspirent ! »

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