l’Affaire Kassa Barthélémy: Le ministre de l’eau du Bénin emporté par l’argent de l’eau

de gauche à droite Kassa Barthélémy ministre démissionnaire, Komi Koutché ministre des finances et de-Souza Marcel ministre du développement.
De gauche à droite Kassa Barthélémy ministre démissionnaire, Komi Koutché ministre des finances et de-Souza Marcel ministre du développement.

Il était l’un des intouchables du régime de Yayi Boni.

Après un premier passage en qualité de Ministre des Recherches pétrolières et minières en 2008, Kassa Barthélémy, la cinquantaine et Professeur à l’Université d’Abomey-calavi, a été rappelé une seconde fois pour faire partie du gouvernement de Boni Yayi.

Le titre de sa nouvelle fonction montre assez bien la confiance que lui accorde le Chef de l’Etat. Il était,  il y a quelques semaines encore,  Ministre de l’énergie, des recherches pétrolières et minières, de l’eau et du développement des énergies renouvelables. L’intéressé est tombé comme un fruit mûr, emporté dans un sulfureux dossier de détournement de fonds de près de trois milliards, destiné, à améliorer les conditions d’accès à l’eau aux populations béninoises et financé par les Pays-Bas.

Tout est parti d’un communiqué de l’Ambassade des Pays-Bas, près le Bénin, révélant le contenu d’un rapport d’audit commandité par la partie néerlandaise et faisant état de nombreuses irrégularités  constatées dans la mise en œuvre de la 2ème phase du programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement. Les griefs vont de la surfacturation,  à la violation des procédures du code des marchés publics, la non-exécution des travaux prévus dans le plan de travail annuel.

Au cœur de ce Watergate à la béninoise, au moins 5 ministres du gouvernement et certains cadres des directions techniques de ces ministères et de la direction générale de l’eau. Les ministres épinglés sont : Barthémy Kassa (qui vient de démissionner du gouvernement), le ministre de la santé Dorothée Kindé Gasard, l’ancien ministre Jonas Gbian, l’actuel argentier Komi Koutché et le ministre du développement, Marcel de Souza qui a cautionné le licenciement arbitraire du coordonnateur du projet, sans l’accord des Pays bas.

La colère des Pays-Bas
En réalité,  tous les rapports provisoires de cet audit sont connus depuis le 9 avril dernier par toutes les structures du gouvernement qui ont été auditées, y compris le ministère des Finances et celui du Développement.

Il a fallu ledit communiqué pour que le ministre des finances monte au créneau. La légèreté avec laquelle il a évoqué le dossier a poussé les Pays-Bas à prendre un second communiqué.

Dans ce  nouveau communiqué de presse et signé,  de l’Ambassadeur du royaume des Pays-Bas près le Bénin, Jos Van Aggelen, daté de ce vendredi 8 mai 2015 et dont le contenu est quasiment le même que le précédent, on peut lire, la partie néerlandaise a réaffirmé sa décision de suspension de sa coopération directe avec le gouvernement béninois.

Et ce pour les raisons déjà connues, de mauvaise gestion et de malversation dans la mise en œuvre du programme pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et
 de l’assainissement (PPEA-II).

Il est bel et bien écrit, que le gouvernement des Pays-Bas, suite à la gravité des faits, a pris la décision de l’arrêt anticipé du programme PPEA-II, la suspension de la prochaine phase de ce programme et la suspension de tous les programmes financés par les Pays-Bas, directement exécutés par le gouvernement béninois, y inclus les nouvelles activités en cours de préparation avec le gouvernement.

La suite judiciaire
Tous les éléments de prévarication et de détournement étant réunis, la Brigade économique et financière, l’un des bras armé de la justice béninoise entre dans la dance.

Le Directeur Général de l’eau et ses collaborateurs, sauf le comptable qui a pris ses jambes au cou à temps, ont été appréhendés et écoutés plusieurs jours de suite.  Reste le gros poisson Barthélémy Kassa, le ministre de tutelle de la Direction Générale de l’eau. Il tombe lui aussi le 12 mai 2015 mais on a trouvé la forme pour éviter une humiliation à celui qui est  un proche du Président de la République.

Il a présenté sa démission, à en croire, un communiqué laconique de la présidence de la République, lu à la Télévision Nationale par le Secrétaire Général du gouvernement afin que l’intéressé, je cite, « se mette à la disposition de la commission internationale d’audit mise sur pied pour faciliter la manifestation de la vérité. »

Au même moment, le ministre démissionnaire jouit d’une immunité parlementaire.

Il fait partie des 83 députés élus de la 7ème législature installée hier, samedi 16 mai 2015, au parlement béninois. Certains béninois auraient souhaité qu’il ne siège pas aussi à l’Assemblée Nationale afin de laisser la justice faire son travail librement.

Ce qui vient s’ajouter à la crainte des uns et des autres qui pensent qu’on ne saura jamais ce qui s’est passé dans ce dossier.

Rappelons que le PPEA-II, le Programme pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement d’un montant de 4 millions d’euros, vise à assurer la disponibilité de l’eau potable aux populations, à maitriser les risques liés à la gestion de l’eau et à contribuer à la promotion de l’hygiène et de l’assainissement de base.

Ledit argent s’est retrouvé dans les mains de certaines personnes  sans qu’elles  n’aient  jamais exécutées les travaux. L’eau étant sacrée, il est difficile de comprendre que l’argent destiné à une telle denrée soit détourné de son objectif et l’acte apparait donc comme un sacrilège.

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