
par Ken KOUTCHAKPO
L’Afrique ne produit qu’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle en subit déjà de plein fouet les pires conséquences : chaleur extrême, inondations, sécheresses… Pourtant, le continent a une carte maîtresse à jouer dans la lutte contre le changement climatique : la modernisation de ses transports en commun.
Dans de nombreuses villes africaines, la circulation est dominée par les véhicules personnels et les motos, responsables d’une grande partie de la pollution urbaine et des embouteillages interminables. Encourager les transports collectifs (bus rapides, trains urbains, tramways ou minibus électriques) permettrait non seulement de réduire les émissions de CO₂, mais aussi de fluidifier la circulation dans les grandes métropoles.
En diminuant le nombre de véhicules individuels sur nos routes, les transports en commun réduisent considérablement la consommation de carburant, les temps de trajet et le stress lié au trafic. C’est un moyen efficace de rendre les villes plus respirables et plus vivables.
Dans de nombreux pays africains, les minibus et taxis collectifs restent le principal moyen de transport pour la population. Appelés tokpa-tokpa au Bénin, gbaka en Côte d’Ivoire, danfo au Nigéria ou matatu au Kenya, ils assurent des trajets réguliers à bas prix entre quartiers et marchés. Bien qu’informels, ces services jouent un rôle essentiel dans la mobilité urbaine et pallient le manque de transports publics organisés. Plusieurs gouvernements cherchent désormais à moderniser et encadrer ce secteur pour renforcer la sécurité, la fiabilité et réduire la pollution.

Parallèlement, d’autres villes africaines investissent dans des projets modernes et durables. À Dakar, le Bus Rapid Transit (BRT) électrique, géré par le partenariat public-privé Dakar Mobilité, met en service plus de cent bus 100 % électriques ; à Kigali, les minibus électriques réduisent le bruit et la pollution ; à Casablanca, le tramway a transformé la mobilité urbaine. À Lagos, des entreprises comme Primero Transport et Oando modernisent les lignes de bus et introduisent des véhicules propres. Des projets similaires voient le jour à Dar es Salaam et Nairobi, illustrant comment l’implication du secteur privé accélère la transition vers des transports en commun plus efficaces et respectueux de l’environnement.
Investir dans les transports publics, c’est non seulement protéger la planète, mais aussi créer des emplois, désengorger les villes et améliorer la qualité de vie des citadins. Le changement climatique n’est pas une fatalité : avec des transports durables, l’Afrique peut rouler vers un avenir plus vert et plus fluide.