
Par Ken KOUTCHAKPO
La Mission 300 a franchi une étape importante avec la présentation, ce mercredi 24 septembre 2025 à New York, d’une deuxième série de Pactes énergétiques nationaux par dix-sept pays africains. Cette initiative conjointe menée par le Groupe de la Banque africaine de développement et le Groupe de la Banque mondiale vise à connecter 300 millions d’Africains supplémentaires à l’électricité d’ici à 2030,
Cela porte désormais à vingt-neuf le nombre de pays du continent ayant finalisé leurs pactes.
Il s’agit de documents exhaustifs qui définissent les objectifs fondés sur des données, des mesures politiques et des engagements en matière de ressources pris par les gouvernements africains, tous visant à réaliser l’objectif global de la Mission 300.
L’élaboration et la mise en œuvre des pactes sont menées par les pays eux-mêmes, qui mettent l’accent sur l’engagement des communautés locales et des organisations de la société civile, ainsi que sur des mécanismes rigoureux de suivi des progrès.
L’événement de lancement a eu lieu lors du Bloomberg Philanthropies Global Forum, en marge de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Étaient présents à ce lancement le président de l’Éthiopie, Taye Atske Selassie, le président du Ghana, John Dramani Mahama, le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, le Premier ministre du Lesotho, Sam Matekane, le Premier ministre de Sao Tomé-et-Principe, Américo d’Oliveira dos Ramos, et Michael Bloomberg, fondateur de Bloomberg L.P. et de Bloomberg Philanthropies.
Ils ont été rejoints par des ministres et des représentants gouvernementaux de haut rang, des partenaires du développement, ainsi que des représentants du secteur privé et d’organisations philanthropiques.
Les dix-sept pays africains, qui ont lancé leurs pactes énergétiques, collectivement appelés « Cohorte 2 », sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, le Cameroun, les Comores, la République du Congo, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Kenya, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, Sao Tomé-et-Principe, la Sierra Leone et le Togo.
Ils rejoignent la première cohorte de douze pays qui ont dévoilé leurs pactes lors d’un Sommet en janvier 2025 à Dar es Salam, en Tanzanie, pour donner le coup d’envoi de la Mission 300, auquel ont participé 48 délégations nationales, dont 21 chefs d’État et de gouvernement.
Dans son allocution d’ouverture, Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale, a souligné que la première série d’accords identifiait plus de 400 mesures politiques visant à renforcer les services publics, à simplifier la réglementation, à réduire les pertes et à améliorer l’environnement des affaires.
« Les progrès sont mesurables. Grâce à la Mission 300, 30 millions de personnes sont déjà raccordées dans le cadre de notre partenariat avec le Groupe de la Banque africaine de développement et d’autres institutions. Un projet visant à raccorder plus de 100 millions de personnes supplémentaires est déjà en cours d’approvisionnement, de financement et de construction », a-t-il déclaré.
Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Sidi Ould Tah, qui a pris ses fonctions le 1er septembre dernier, a réaffirmé l’alignement de la Mission 300 sur la vision du Groupe de la Banque et les quatre points cardinaux de sa présidence : mobilisation de ressources à grande échelle ; réforme de l’architecture financière africaine ; exploitation de l’abondant potentiel démographique du continent ; et mise en place d’infrastructures résilientes.
« Au sein du Groupe de la Banque africaine de développement, nous sommes très attachés à la rapidité, à la synergie, à l’échelle et à l’impact », a affirmé M. Ould Tah, ajoutant que l’importance de la Mission 300 réside à la fois dans ses ambitions élevées et dans l’accent mis sur la collaboration — « réunissant pour la première fois une variété de partenaires, y compris le secteur privé et des organismes philanthropiques » — afin de combler le déficit d’accès à l’énergie en Afrique.
Dans son allocution, Jacqueline Novogratz, fondatrice et présidente-directrice générale d’Acumen, une organisation mondiale à but non lucratif, a annoncé que son nouveau fonds Hardest-to-Reach Fund, doté de 250 millions de dollars américains, avait été clôturé cette semaine, « en partenariat avec M300 ».
Ce fonds permettra de fournir de l’éclairage solaire hors réseau et des raccordements à l’électricité à 70 millions d’Africains à faibles revenus dans 16 pays.
La Mission 300 vise à réduire de moitié le nombre d’Africains privés d’électricité, estimé à 600 millions de personnes, soit 83 % du total mondial. Sur ce nombre, le Groupe de la Banque mondiale devrait fournir un accès à 250 millions de personnes, tandis que le Groupe de la Banque africaine de développement devrait en cibler 50 millions.
Parmi les autres partenaires clés de la Mission 300 figurent l’initiative « Énergie durable pour tous » (SEforAll) des Nations unies, la Fondation Rockefeller et l’Alliance mondiale pour l’énergie au service des populations et de la planète (GEAPP).
Outre ces partenaires fondateurs, un groupe de banques multilatérales de développement et d’institutions de financement du développement ont jusqu’à présent promis un soutien financier d’une valeur de plus de six milliards de dollars, dont l’Agence française de développement, la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, la Banque islamique de développement et le Fonds OPEP.
Le rôle du Groupe de la Banque africaine de développement dans la Mission 300 comprend le financement direct, la mobilisation du financement du secteur privé et l’aide à la coordination des partenaires.
L’institution fournit également une assistance technique aux gouvernements nationaux, en soutenant les réformes réglementaires, la modernisation des services publics d’électricité, ainsi que la création et la mise en place d’unités de mise en œuvre et de suivi des pactes (CDMU) au sein des gouvernements nationaux.