Par Didier Hubert MADAFIME
Il fait très chaud, et de plus en plus, ces derniers temps.
Ce n’est pas de la science-fiction, c’est une réalité. Ainsi, la crise climatique, est bien évidemment une crise de santé publique.
C’est la raison pour laquelle « le droit à la santé », a été bel et bien entériné dans l’Accord de Paris sur le climat, comme une obligation essentielle de l’action climatique.
Du coup, ceux qui n’étaient pas convaincus des dégâts qu’une forte chaleur pourrait provoquer sur le corps humain, sur des animaux et sur les écosystèmes, le sont de plus en plus. Si rien n’est fait, cette crise, fera reculer des décennies de progrès en matière d’espérance de vie et de bien-être.
Le mal-être est général dans toute la sous-région Ouest-africaine.
D’ailleurs, une étude sur l’influence du changement climatique sur la chaleur sera publiée bientôt et donnera plus de détails sur les deux complices.
Ce qu’on sait pour l’instant, c’est qu’il fera davantage plus chaud les jours à venir. Les acteurs situent la température actuelle au-dessus de 40°C dans toute l’Afrique de l’Ouest.
La preuve a été donnée lors de la Coupe d’Afrique des Nations de football, où des pauses régulières sont accordées aux joueurs pour se désaltérer en raison des conditions chaudes et humides. Souvent qualifiées de « tueuses silencieuses », les vagues de chaleur peuvent être extrêmement mortelles pour les personnes âgées.
De toutes les façons, la chaleur fait augmenter le risque d’affections, entrainant une aggravation des pathologies non transmissibles, détériorant la santé mentale et nuisent à la santé maternelle et néonatale.
Pour préserver une planète vivable, la santé doit être au centre des discussions sur le changement climatique. En plus, la chaleur accroît l’insécurité alimentaire et fait grandir la menace de la malnutrition.
La satisfaction de besoins fondamentaux pour la santé humaine, comme l’accès à la nourriture, à un air propre, à une eau salubre et à l’assainissement, est rendue de plus en plus difficile.
Les effets du changement climatique creusent aussi les inégalités, freinent la croissance économique à long terme et favorisent les migrations et l’insécurité, tout en entraînant encore davantage les pays les plus vulnérables dans la spirale de la pauvreté et de l’instabilité.
Tous ces aspects contribuent à entraver les progrès vers les Objectifs de développement durable.
Protéger la santé des populations
Selon l’Organisation mondiale de la santé, le changement climatique représente la plus grande des menaces pour le bien-être de l’humanité. Si rien n’est fait, il entraînera directement ou indirectement la mort d’au moins 21 millions de personnes à l’horizon 2050.
D’autres estimations de la Banque mondiale indiquent qu’il fera basculer 132 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030, dont au moins 44 millions, soit un tiers d’entre elles à la suite des effets néfastes des évènements climatiques sur la santé.
En d’autres termes, la crise climatique est à l’origine d’une urgence sanitaire mondiale, dont les ramifications vont bien au-delà de notre santé. La lutte contre le changement climatique et les efforts de santé publique sont deux nécessités qui doivent aller de pair et qui sont indispensables à notre avenir.
À cet égard, la COP28, à Dubaï, a été marquée par la tenue de la première journée thématique dédiée à la santé jamais organisée dans le cadre d’un sommet de l’ONU sur le climat.
S’il s’agit d’un premier pas crucial pour accélérer des décisions et des investissements qui sauveront des vies, il doit s’accompagner de mesures vigoureuses pour changer la manière dont nous travaillons et collaborons, tant de la part des dirigeants, que des bailleurs de fonds et des partenaires.
Il faut agir plus vite et avec plus d’ambition. Il s’agit de donner la priorité aux stratégies d’adaptation et d’atténuation qui permettent non seulement de sauver des vies aujourd’hui, mais aussi de réduire les inégalités en assurant la résilience des communautés et des infrastructures de santé, avec en ligne de mire le bien-être des populations.
Agir plus vite
Un groupe de travail sur le financement du climat et de la santé a par exemple été mis sur pied, qui réunit des institutions multilatérales de financement du développement et des banques publiques de développement dans le but d’harmoniser les approches, d’assurer une coordination plus efficace et d’élargir les possibilités de co-investissement.
La Banque mondiale et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme étendent actuellement leur collaboration à l’échelon des pays : les deux organisations vont élaborer des plans d’investissement conjoints afin d’accroître les financements consacrés au double enjeu du climat et de la santé et d’accélérer l’accès des collectivités à ces ressources.
L’OMS et la Banque mondiale s’emploient aussi à lever les obstacles au financement dans le cadre de l’Alliance pour une action transformatrice sur le climat et la santé .
Par ailleurs, les organisations philanthropiques ont également un rôle important à jouer en mobilisant rapidement des fonds qui peuvent servir de passerelle vers des financements publics à grande échelle et en soutenant l’innovation et l’apprentissage.
« Nous sommes plongés dans l’Anthropocène. Dans l’état actuel des choses, nous perdons déjà la résilience de la Terre, ce qui équivaut à un réchauffement de 0,4°C. Si nous dépassons 1,5°C, nous risquons d’avoir cinq grands systèmes terrestres dérivant de manière irréversible dans une direction qui nous donne de moins en moins de stabilité, de résilience et de soutien à la vie pour l’humanité, a déclaré le professeur Johan Rockstrôm, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique».
En un mot, les problèmes de santé causés par le changement climatique seront toujours plus meurtriers et coûteux. C’est pourquoi la survie et la prospérité des générations actuelles et futures dépendent des choix que nous faisons aujourd’hui.