Par Didier Hubert MADAFIME
De nos jours, elle ne sert plus pratiquement à grande chose. Elle est sollicitée, juste pour traiter la terre à certains endroits, en cas de besoin, sinon, ce sont d’autres outils, depuis un certain temps, qui font le boulot à sa place. Et pourtant, l’histoire nous renseigne, que la houe, dans le vieux temps, était au début et à la fin de toute production agricole et de toute autre activité de désherbage. Voici comment l’agriculture d’aujourd’hui est en train de se passer d’un outil, qui dans une autre vie a rendu de précieux service à l’humanité.
Sa disparition était actée, depuis que certains ont commencé, à ne plus croire à sa capacité à aider à nourrir le monde et son impact très limité en matière de productivité agricole, surtout dans une économie de marché.
Depuis, la houe, a peu à peu, perdu sa côte dans les pays où elle était auparavant utilisée. Et pourtant, sa période d’outil indispensable à la production agricole remonte très loin, c’est-à-dire, du moment où les hommes ont compris la nécessité de dompter leurs environnements.
Remuer, émietter, désherber et creuser, étaient, à peu près le rôle qu’elle jouait. Elle avait bien sûr, contribué à calmer de milliers d’ulcères, à travers le monde en se prêtant volontiers aux envies du paysan. Y compris aujourd’hui ceux qui le vilipendent.
Mais, faire tourner une économie, même essentiellement agricole, selon ses détracteurs, ne saurait se conjuguer avec un outil dont l’utilisation fait appel à la force physique. Pour certains producteurs, son utilisation n’est pas sans peine.
Il n’est plus utile, dans ces conditions de continuer par le maintenir à la place, à lui aménager à la maison. D’ailleurs, elle n’était pas bien logée. Soit, elle était négligemment jetée aux abords des cases, ou tout au plus, accrochée à un piquet.
Elle n’avait jamais connu une place privilégiée pour ce qu’elle permettait de réaliser. Sans elle, le grenier ne pouvait pas se remplir et la joie dans les foyers assombrie.
La houe, désormais une histoire
Comme beaucoup d’autres outils utilisés dans la vie quotidienne, et qui ont disparu, la houe, dans quelques années va aussi appartenir à l’histoire.
L’homme va rassembler les mots pour expliquer à la future génération ce qu’elle était, la houe, et à quoi elle avait servie. Pour la petite histoire, la houe aidait à dessoucher, à rendre propre les champs, à labourer et à sarcler une fois les champs ensemencés.
Au-delà, elle était aussi utilisée pour de multiples tâches, notamment, faire un trou, débarrassée une maison de ses herbes et être utile, parfois pour son propriétaire face à un danger.
Une bonne partie de ses tâches vont disparaitre ou du moins prises en compte d’une autre façon, surtout dans le domaine agricole.
Le travail du cultivateur rendu facile à présent
T.C est un cultivateur de Tissarou, dans la commune de Kandi. Pour lui, « Le travail des paysans, on peut dire, que c’est facile aujourd’hui ». « Là où, on peut faire des mois de sarclage, dans une journée tu peux sarcler le nombre d’hectares que tu veux ».
T.C, est désormais sous le charme des herbicides utilisés dans le cadre de la production du coton. « Avant, un cultivateur ne peut emblaver que juste un hectare ou deux au plus.
C’est, ce qui est possible avec la houe. Les herbicides ont rendu facile le travail du cotonculteur. Ainsi, il est poussé à emblaver plus, s’il n’est pas limité par l’absence d’espace cultivable», confie-t-il avec une certaine aisance.
A.L, un autre acteur dans la production du coton à Banikora, relève la pénibilité de l’utilisation de la houe par les paysans.
« Le travail de la houe est trop pénible, a-t-il commenté. Finis donc, le dos courbé et voûté et les problèmes à la hanche après de longues heures de sarclage. Si le cultivateur peut se frotter les mains, il doit néanmoins se poser des questions sur « les prouesses » des herbicides.
De la houe aux herbicides : les conséquences
Les dégâts de la houe, semble-t-il, sur l’environnement, qu’elle est appelée à nettoyer ne sont, certes, pas totalement neutres. Là où la houe intervient, elle retourne le sol, modifie sa structure et malmène les micro-organismes cachés en dessous.
Mais c’est rien par rapport aux conséquences de l’utilisation des herbicides. Ils sont trois : le deal110D, son rôle est de contrôler l’enherbement du champ cotonnier. Il tue tout ce qui est dans le champ sauf le cotonnier.
Le cottonex, son rôle est d’empêcher la poussée des adventices, c’est-à-dire, les mauvaises herbes et puis le patron, on l’appelle le killer, le tueur. C’est un herbicide qui tue tout ce qui est végétal. Les producteurs l’utilisent pour tuer les arbres qui sont dans leurs champs.
Une petite entaille dans l’arbre dans laquelle on coule le killer et l’arbre meurt debout, quelques temps après. Aujourd’hui, leur utilisation semble se généraliser. Et voilà, comment la houe a perdu sa place, sauf que, à chaque utilisation, chaque herbicide laisse quelques résidus sur le sol drainés par l’eau de ruissèlement.
Dans les « bastions coton », contonculteurs et autorités sont unanimes à reconnaitre que la nappe phréatique est touchée et l’eau, quel que soit sa nature n’est plus bonne à consommer, selon plusieurs études. Cancers de sein et maladies bizarres se sont multipliées, ces dernières années dans ces zones.
Pour Y.A, producteurs de coton à Banikoara, « il y a des tas de problèmes de santé dans notre région ».
D’ailleurs, médecins, environnementalistes et sociologues sont allés sensibiliser tous les acteurs qui interviennent dans la chaine de production du coton à cet effet.
En attendant, qu’ils prennent conscience de l’utilisation raisonnée de ces différents produits, la houe, dans quelques années, va se reposer au musée des outils inutiles avec le sentiment d’avoir accompli le travail pour lequel il a été fabriqué.