Par Didier Hubert MADAFIME
A ce qu’il paraît, « la vieillesse est un naufrage ». Elle joue régulièrement de sale tour à celui qui est concerné. Ce dernier peut s’oublier de temps à autre, et ne pas être en mesure de se souvenir d’une décision prise ou d’une réflexion aussitôt pensée. Il n’est pas propre à certains.
C’est un passage obligé, pour tous ceux qui font de vieux os. On peut donc avoir de la compassion pour ceux-là. Et même si c’est le cas, il y a néanmoins des choses qui ne s’oublient pas, surtout si elles engagent la vie de milliers de gens. C’est ce que le Président des Etats-Unis a fait en tirant un trait sur sa promesse de campagne, celle de ne plus autoriser d’autres forages en vue de préserver le climat.
Il y a quelques jours, l’administration Biden a pourtant donné son accord pour l’exploitation d’un important projet de forage pétrolier dans Alaska le 13 mars 2023, à quelques jours seulement de la présentation du rapport de synthèse consacré à l’évaluation du réchauffement climatique.
Nous sommes en 2020 et pour solliciter un bail à la Maison Blanche, Joe Biden face à son challenger Donald Trump, fait quelques promesses aux acteurs du climat. La première, la garantie, qu’une fois élu, les Etats-Unis vont retourner dans l’accord de Paris sur le climat, accord dont le pays de l’Oncle Sam avait été préalablement retiré par son prédécesseur Donal Trump. La seconde promesse a trait aux forages.
Joe Biden avait juré tous les grands dieux, qu’il n’y en aura pas un, ouvert de plus sous son mandat. Son élection, naturellement avait de quoi réjouir le monde climatique. Une fois installé dans le fauteuil présidentiel, c’est vrai, le vieux Président a rempli très rapidement la première partie de sa promesse.
Il prend l’acte qui retourne son pays dans l’accord de Paris sur le climat. Mais très vite, ses actes par la suite commencent par être illisibles. Il y a l’épisode de la COP 26 à Glasglo. Tous les acteurs du climat s’attendaient à que les américains prennent le contre-pied des pays qui veulent continuer par exploiter les mines à charbon.
Non seulement Joe Biden ne rougit pas, mais apporte de façon sibylline son soutien à cette aventure diabolique. On comprend la suite. Le Président américain caresserait secrètement des envies pour l’important projet de forage pétrolier dans l’Alaska.
C’est ce qu’il fait le 13 mars 2023, confirmant de fait ce que son prédécesseur avait entamé. Dans les pays en développement ou de dictature où la parole du chef vaut exécution, ce projet ce serait passé comme une lettre à la poste.
Une grande victoire pour le climat
Le gigantesque forage autorisé par l’administration Biden se situe dans la réserve nationale de pétrole de l’Alaska. Ladite réserve est considérée comme un refuge naturel des plus grandes espèces du globe.
Joe Biden a fait donc passer l’intérêt financier des Etats-Unis en lieu et place de la protection de la planète violant ainsi l’accord de Paris sur le climat. Ce sont des millions de barils par jour mais aussi des millions de tonnes de CO2, l’un des gaz à effet de serre qui passe plus de temps dans l’atmosphère.
Heureusement, le permis a été rejeté par un juge fédéral américain, « qui a critiqué la manière dont le gouvernement fédéral avait évalué l’impact sur l’environnement, notamment la manière dont il pourrait nuire aux ours polaires ». C’est un revers majeur pour Joe Biden, qui pour l’instant a suspendu le projet.
« Une analyse complète des conséquences environnementales de concessions sera menée et l’administration américaine décidera en fonction des résultats », indique le ministère américain de l’intérieur. C’est une victoire des écologistes américains, rappelant ainsi à leur Président, que sous leurs cieux « une promesse, c’est une promesse » même si elle est faite au cours d’une campagne électorale.
La politique tue l’environnement
On aura beau expliqué aux enfants de demain, ils ne comprendront pas les raisons pour lesquelles, leurs aînés et leurs parents leur ont laissé une planète totalement ravagée. L’exemple le plus frappant vient de l’Europe. Les pays qui la composent continuent de se déchirer sur la fin des voitures à essence.
Certains ne sont plus d’accord pour l’échéance 2030 et veut la repousser jusqu’en 2035. Et pourtant le réchauffement climatique est là, et ne tient compte d’aucune échéance. Il grignote tout : nos modes de vies, nos écosystèmes, nos océans, nos terres. Les politiques en place en 2020 conduiraient à un réchauffement global de 3.5°C d’ici la fin du siècle.
Ce n’est pas moi qui le dit. Cette conclusion est tirée du rapport de synthèse publié le lundi 20 mars par les experts de l’ONU sur le réchauffement climatique.
Deux choses sont restées constantes depuis le premier rapport d’évaluation des effets des changements climatiques de 1990 jusqu’à celui de la dernière fois : le changement climatique est une réalité et à l’origine la racine humaine. Quatre choses notées dans ce rapport: – La hausse de la température globale s’est encore accentuée. – Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. – La vulnérabilité des écosystèmes et des populations s’accroît. – Les impacts vont s’intensifier.
Pour y faire face, l’homme doit réduire les émissions de gaz à effet de serre et procéder à deux choses : mettre en place des systèmes d’adaptation et d’atténuation. Le réchauffement climatique est aujourd’hui à 1.1°C, selon le rapport de synthèse.
Après ça, on va se retrouver dans la « stratégie du bulldozer » si on laisse faire le réchauffement climatique. Tout n’est pas encore perdu pour autant, parce que l’humanité ne se crée pas des problèmes auxquels elle n’a pas la solution.
C’est ce que je crois!