Au Palais du bord de la mer à Libreville ce 2 mars 2023, l’ambiance à l’intérieur ne ressemblait pas du tout à celle de tous les jours. Ali Bongo, le maître des lieux, avait rendez-vous avec certains de ses paires, les chefs d’Etats présents dans la capitale gabonaise pour le compte de « One Forest Summit », un sommet consacré au bassin du Congo. Mis à part le Président français Emmanuel Macron, tous les autres ont, avec le Président Gabonais un point commun. Ils sont chacun, à la tête d’un pays qui dispose d’immenses ressources forestières, le tout formant un massif forestier, désigné sous le nom de « bassin du Congo ». On Forest Summit, l’initiative Franco-Gabonaise vise donc à mettre en place des outils pour améliorer et garantir l’exploitation durable du bassin du Congo…Didier Hubert MADAFIME, Libreville
Le Bassin du Congo, c’est à la fois des chiffres et des faits pour en comprendre l’enjeu. En matière d’occupation de l’espace, ce massif forestier occupe à lui seul 14% de la surface terrestre. C’est aussi, 90% d’écosystèmes d’espèces vertébrées.
Toute l’humanité lui reconnait sa capacité de captation du carbone. Il lui est attribué 75% de pouvoir de récupération du carbone. Ce qui fait de lui, selon experts et scientifiques la première aire de capture de CO2 au monde, et ce faisant il est en capacité de contenir le réchauffement climatique et à ralentir la perte de la biodiversité.
La France reconnait qu’il est la forêt qui capture chaque année le tiers de ses émissions. Aux yeux des humains, le Bassin du Congo est une formidable chance pour la lutte contre les effets des changements climatiques. Ces dernières années, malheureusement, ce massif forestier a perdu du terrain du fait de la déforestation.
Si on veut sauver le Bassin du Congo, il n’y a plus d’autre choix que de réunir autour d’une table tous les acteurs, à savoir : experts et scientifiques, les peuples autochtones, les grands acteurs financiers, les chefs d’entreprises pour réfléchir à la bonne santé d’une réserve de carbone et de biodiversité : la forêt du bassin du Congo.
Un nouveau modèle de gestion
Tous ceux qui ont répondu à l’appel de « One Forest Summit » sont d’accord sur une chose, « pas question de regarder le bassin du Congo disparaitre ». D’abord, pour ce qu’il représente pour les populations et ensuite pour l’humanité. Ali Bongo, le Président du Gabon a eu les mots simples pour le signifier à ses hôtes, je le cite :
« La forêt du bassin du Congo joue un rôle vital. Pour les populations locales, elles fournissent tout ce dont elles ont besoin. Du bois pour construire des logis, des plantes pour se soigner, une nourriture abondante, une source de revenus mais aussi des espaces pour se recueillir et prier ».
Pour le reste du monde, « Nos forêts constituent un écosystème précieux qui protège notre planète contre les changements climatiques et la perte plus accélérée de la biodiversité. « C’est un fait. Il n’y a pas meilleur investissement aujourd’hui que d’investir dans nos forêts.
Il faut que nous en fassions prendre connaissance, il faut que nous en tirions les conséquences, toutes les conséquences afin que utilité économique rime enfin avec rentabilité économique », fait observer le Président du Gabon.
Les différents panels qui se sont relayés tout le long du sommet n’ont rien fait d’autre que ça. Fournir des outils pour aider les scientifiques à mieux connaître, mieux comprendre le bassin du Congo, à mieux mesurer et évaluer ses atouts et potentialités, à proposer des solutions pour préserver une si belle richesse afin qu’elle continue de fonctionner normalement pour les biens des populations et ceux de l’humanité.
C’est aussi le vœu du Président français. Mais ce combat, à en croire, Emmanuel Macron, « doit être un combat raisonné, nourrit par la science, s’appuyant sur ces trésors naturels et humains que sont les forêts et qui sont porteurs d’un avenir équilibré et soutenable ».
Comme à ses habitudes, dès qu’elle en a l’occasion, l’égérie de la lutte pour le respect des droits autochtones, Hindou Oumarou Ibrahim, présente à cette cérémonie des chefs d’Etats n’a pas manqué de renvoyer le Président français dont le pays fait partie des pollueurs et à travers lui les autres, à leur devoir. Celui de respecter leurs différents engagements de financement pris à tous les rendez-vous concernant l’environnement, le climat et la biodiversité.
One Forest Summit, pour quel bilan ?
Beaucoup d’échanges et de discussions ainsi que des propositions permettant d’améliorer le contenu du Bassin du Congo. Pour ce faire, la France met sur la table 100 millions d’euros. Il s’agit là, d’un fonds spécifique à utiliser en guise de récompense pour les pays qui auront été exemplaires dans la conservation des forêts et la sauvegarde de leurs stocks vitaux de carbone et de biodiversité.
« Nous allons mettre 100 millions d’euros additionnels à disposition des pays qui souhaitent accélérer leur stratégie de protection des réserves vitales de carbone et de biodiversité, dans le cadre du Programme de Partenariat Pays (PCP), a souligné le Président français.
Un mécanisme viendra préciser la destination de ces fonds. C’est déjà un pas qui vient apaiser le sentiment d’urgence même s’il va falloir faire plus pour que le Bassin du Congo retrouve sa fière allure et sa belle santé.