Dans un rapport publié en 2007, le GIEC, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, conclut, je cite : « les petites îles, qu’elles soient situées dans les tropiques ou à une latitude plus élevée, possèdent des caractéristiques qui les rendent particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques, notamment, l’élévation du niveau de la mer et les évènements extrêmes ». Au nombre de ces îles, figure la République de Vanuatu, un pays du sud de l’océan Pacifique, composé d’environ 80 îles qui s’étendent sur 1300 kilomètres. Dans cette région, le niveau de la mer augmente plus vite que dans le reste du monde. Les plages disparaissent peu à peu et les habitants craignent de voir disparaitre leurs maisons. Il est donc injuste pour de petites communautés de souffrir des effets du réchauffement climatique à cause des actions d’autres pays riches et puissants. Pour mettre un terme à cette injustice la République de Vanuatu, a déposé, à travers son premier ministre Ishmael Kalsakau un projet de résolution à l’ONU pour qu’il soit sollicité l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice (CIJ) en vue de clarifier la responsabilité de chaque Etat et ses obligations en matière de réchauffement climatique…Didier Hubert MADAFIME
Comme toutes les îles et les pays sous-développés, la République de Vanuatu fait face aux effets des changements climatiques.
Malgré l’urgence climatique, les Nations industrialisées font toujours le dos rond et se préoccupent très peu des cas de millions de personnes victimes du réchauffement climatique.
Les gaz à effet de serre qu’ils produisent sont à l’origine des inondations, des sècheresses, de l’élévation du niveau de la mer et de l’imprévisibilité saisonnière. Cela donne lieu à de mauvaises récoltes, à la disparition des îles, à la destruction des maisons, la raréfaction de l’eau et des crises sanitaires croissantes qui affectent le droit à la vie, à la santé, à l’alimentation, à l’eau, à la sécurité, à un abri, et à la culture.
Face à ces genres de violations les tribunaux restent incompétents. Il faut donc une nouvelle stratégie de la communauté internationale pour mettre un terme aux dégâts irréversibles menaçant le futur de l’humanité.
Combien de temps avons-nous pour réagir ?
Très peu surtout pour les îles. C’est d’ailleurs la raison à l’origine du projet de résolution initié par la République de Vanuatu avec un groupe de 18 nations qui ont tous participé à l’élaboration de ce projet.
La société civile n’a pas manqué à l’appel. 1700 groupes de 130 se sont joints à l’initiative. Selon le Premier ministre de la République de Vanuatu les discussions ont commencé dans une salle de classe universitaire des îles du Pacifique.
« Nous avons consulté largement et de manière approfondie en prenant conseil auprès des experts juridiques et scientifiques du monde entier et en tenant compte des préoccupations», a souligné le premier ministre Kalsakau.
Ce dernier a personnellement écrit à chaque chef d’Etat, aux Nations-Unies pour obtenir leur soutien afin que soit clarifié sur le plan juridique les droits humains dans un contexte des changements climatiques.
« Nous voulons une clarté juridique sur nos responsabilités légales d’émissions de gaz à effet de serre et pour d’autres activités susceptibles de causer des dommages importants aux personnes vulnérables », a indiqué le premier ministre de Vanuatu.
Quelle est la prochaine étape ?
Un premier pas est ainsi franchi, celui de parler d’un sujet longtemps resté tabou : les changements climatiques et les droits humains Le second est incontestablement le large consensus autour de cette initiative de la République de Vanuatu.
La protection des droits humains fondamentaux des personnes les plus vulnérables sera sous peu une réalité. La publication par l’Assemblée Générale des Nations-Unies d’un projet de résolution demandant l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice sur les obligations des Etats en matière des changements climatiques est un pas supplémentaire vers la reconnaissance des droits humains dans un contexte de changements climatiques.
Les regards sont désormais tournés vers la Cour Internationale de Justice. Entre les mains de ses experts, ce que sera le monde de demain.