A peine les lampions éteints sur la COP27, la conférence internationale sur le climat à Charm El-Cheihk en Egypte, que Montréal, la ville canadienne se voit illuminer, quant à elle, par ceux braqués sur la biodiversité.
Comme ce fut le cas pour le climat, l’humanité a en face d’elle deux semaines pour trouver les moyens de ralentir l’érosion de la diversité biologique. Nom de code de l’opération : 30-30. Réussir d’ici 2030 à sauver 30% de la biodiversité, faune et flore comprises.
Didier Hubert MADAFIME
L’humanité fait actuellement face à plusieurs crises dont deux crèvent le plafond. La crise climatique, conséquence d’un réchauffement climatique dont on ne sait, jusqu’à quel point le curseur va s’arrêter et une autre, celle de l’érosion de la biodiversité, le tissu sur lequel repose la planète. En fait, si c’est dans la vie ordinaire, changement climatique et biodiversité peuvent être considérés comme des « frères siamois ».
Le premier est un facteur majeur d’érosion du second, cela veut dire : changements en termes de température de l’atmosphère et de précipitions, acidification des océans, élévation du niveau de la mer, ainsi que la nature de certains phénomènes extrêmes qui nuisent à la biodiversité et aux services écosystémiques.
Il amplifie également les effets d’autres facteurs, tels que la dégradation des habitats, la pollution, les espèces envahissantes, la surexploitation et les migrations. La capacité des écosystèmes dégradés à assimiler et stocker du CO2 ayant tendance à diminuer, celui-ci réduit les options d’adaptation disponibles. En conséquence, l’humanité à la responsabilité, de faire face à ces deux défis et à leurs interactions.
Un pacte pour la nature
C’est ce à quoi devrait aboutir la COP15, la conférence sur la biodiversité, qui se déroule actuellement à Montréal au Canada. A l’origine du problème, cinq coupables. Dans l’ordre, l’utilisation des terres (agriculture, déforestation), l’exploitation directe des ressources (pêche, chasse), le changement climatique, les pollutions et les espèces invasives.
Dans un rapport sans précédent publié récemment, le Groupe d’Experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) peint un tableau sombre de l’avenir de l’être humain. Celui-ci dépend de la nature pour sa nourriture, pour se chauffer, pour respirer, pour sa consommation en eau et pour se soigner. « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie, constate Robert Watson, Président de l’IPBES, la Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques.
Il s’agit de considérer désormais la qualité de vie et non la croissance économique comme objectif, indique, l’un des acteurs du rapport sur la biodiversité. A l’ouverture des travaux de la COP15, Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l’ONU, a plaidé pour l’arrêt de la destruction de la nature et invité par la même occasion les participants à s’entendre sur un cadre mondial audacieux de la biodiversité.
Accord sur la biodiversité : Kunming-Montréal entre ainsi dans l’histoire
C’est fait. Après de longues heures de négociations, la COP15, celle de la biodiversité a débouché sur le principe de la mise en place d’un « cadre mondial pour la biodiversité ». Ce traité qui consacre la paix avec la nature va permettre de restaurer 30% des écosystèmes terrestres, marins et côtiers d’ici 2030. Comme tout accord, il risque de ne pas plaire à tout le monde. Certains le jugerons faible au regard des enjeux. Ceux qui se sont battus pour que 50% tout au moins de la planète soit consacrée à la biodiversité vont râler contre cet accord. Ce qui est sûr, un pas vient d’être posé. Il appartient à chaque pays de savoir où se trouvent ces centres d’intérêts. Et comme a écrit un ami « si tout le monde peut vivre comme les peulhs, ce n’est pas 50% de la biodiversité qui sera protégée mais la terre entière».