Par Didier Hubert MADAFIME
La plupart des pays africains misent sur cette culture non alimentaire pour parvenir à leur développement. En Afrique de l’ouest où il est abondamment cultivé, l’or blanc représente 3 à 10% du PIB au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Togo, et moins de 2% pour les autres pays. Bien que sa production suscite énormément de craintes quant aux dégâts que chaque campagne laisse derrière elle, le coton, il faut l’avouer, contribue beaucoup en Afrique, à l’amélioration des revenus des producteurs, renforce leurs moyens de subsistance et leur accès aux services sociaux (éducation, centre de santé, école). Le coton, en un mot, pour les pays les moins avancés une question de vie et de survie. Depuis l’année dernière où le 7 octobre est consacré Journée Internationale du coton, la réflexion tourne autour de sa production et la manière de la rendre plus conforme aux normes environnementales, même minimalement acceptable. Et c’est cette réflexion que suscite cet article à l’occasion de la deuxième Journée Internationale à lui consacrée.
L’initiative pour une Journée Mondiale du coton est une idée de quatre producteurs africains du coton. Ils sont du Bénin, du Burkina Faso, du Tchad et du Mali. Cette initiative porté le nom de “Cotton Four” qu’ils ont proposé à l’Organisation Mondiale du Commerce pour combler le vide d’une absence de journée pour ce que le coton représente.
Sa production fait nourrir, quand-même, 250 millions de personnes dans le monde et emploie près de 7% de la main-d’œuvre dans les pays en voie de développement. C’est dire que la portée mondiale de cette culture est vaste et mérite une journée. Il existe, toutefois des problèmes sérieux liés à la durabilité environnementale et sociale de la production de l’or blanc, qu’il faut régler, si on veut maintenir et à améliorer les ressources issues de son exploitation.
Quels sont les enjeux de cette journée ?
Selon l’ONU, le coton fait vivre 32 millions de producteurs ( dont près de la moitié sont des femmes) et profite à plus de 100 millions de familles dans 80 pays sur les 5 continents. Donc, c’est une source majeure de moyens de subsistance et de revenus pour de nombreux petits exploitants et travailleurs, y compris les femmes, fournissant des emplois et des revenus à des centaines de zones rurales les plus pauvres du monde.
C’est pour toutes ces raisons que les Nations-Unies saisissent cette opportunité qu’offre la Journée Internationale du coton pour attirer l’attention sur la visibilité qu’il faut accorder au secteur du coton pour le rôle essentiel qu’il joue dans le développement économique de chaque pays producteur mais aussi pour ce que le coton représente pour le commerce international et la lutte contre la pauvreté.
L’ONU, pour ce faire donne des indications. Il faut sensibiliser à la nécessité d’un accès au marché pour le coton et ses dérivés surtout pour ce que produisent les pays les moins avancés. Il faut dans un second temps, encourager les politiques commerciales durables qui permettent aux pays en développement de bénéficier d’avantage de chaque étape de la chaîne de valeur du coton.
Les défis
Ils sont grands, non seulement, pour le secteur en Afrique maïs aussi pour l’avenir de l’or blanc. Tel qu’il est produit aujourd’hui en Afrique, il n’a pas d’avenir.
D’abord, la culture du coton est pluviale. Elle est en conséquence soumise aux aléas climatiques auquel s’ajoute le risque parasitaire. Cela contraint les producteurs à minimiser le coût des intrants pour une application imparfaite par faute de recommandations techniques. Il est soumis aux fluctuations des prix de la fibre et à la variation des taux d’échange de la monnaie de référence surtout le dollar avec un impact considérable sur les performances financières des sociétés de coton.
Le coût humain et environnemental de sa production est énorme. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut passer à la norme ” Better Coton”. Un grand programme consacré à la durabilité de la production du coton dans le monde. Sa mission est d’aider les communautés de producteurs de coton à survivre et à prospérer, tout en protégeant et en restaurant l’environnement. Dans ce cadre, plus de 2,5 millions d’agriculteurs, des plus petits aux plus grands ont été formés dans 23 pays à des pratiques agricoles plus durable. Du coup, 20% du coton mondiale est désormais cultivé selon la norme Better Coton.
Le défi, il est aussi climatique et lié à l’égalité des sexes. Pour coller aux enjeux d’aujourd’hui a adopté une stratégie d’atténuation visant l’industrie du coton. Il s’agit de réduire de façon globale les émissions de gaz à effet de serre de 50% par tonne pour le Better Coton d’ici 2030. Voilà ce qui est derrière la nouvelle stratégie lancée en 2022 dont l’objectif est de fournir un impact environnemental, social et économique substantiel à la production du coton.
Vision Future
A l’arrière-plan des objectifs de 2030 : la santé des sols, l’utilisation des pesticides et puis
les moyens de subsistance des petits exploitants et l’autonomisation des femmes. Ce sont des actions claires qui vont montrer qu’il est possible de parvenir à un Monde durable, où les producteurs et les travailleurs du coton savent comment faire face aux menaces qui pèsent sur l’environnement, à une faible productivité et même à des normes sociétales restrictives.
Tous ceux qui se soucient du coton et de son avenir durable doivent désormais mettre la main à la patte avec un clin d’œil au secteur de la mode étant donné qu’environ la moitié de tous les textiles sont en coton.