Les installations de la centrale (PHOTO: AfricaClimateReports/Didier Madafime)
Seulement 9% de l’utilisation d’énergies fossiles, le Kenya doit être l’un des rares pays du continent africain qui respecte les dispositions de l’Accord de Paris sur le climat dans le domaine de l’énergie, celles qui consistent à tourner le dos au pétrole, au gaz et autres sources d’énergie responsables du réchauffement climatique. Petit à petit, le Kenya constitue son mix énergétique. Dans ce paquet, il y a la part de la géothermie dont Naivasha est le symbole. Il faut y aller pour mieux apprécier la vision et l’investissement. C’est ce que PAMACC et AfricaonAir ont offert aux journalistes présents à Nairobi dans le cadre d’une formation sur les changements climatiques…Didier Hubert MADAFIME, Naivasha
76 km, ça parait un peu plus long, lorsqu’on est assis dans un bus, au beau milieu d’une route coincée entre un flanc de montagne et une succession de paysages, les plus extraordinaires, les uns que les autres, régulièrement entrecoupés par une suite de dépressions à faire peur aux plus courageux des routiers.
C’est, cette route qui conduit à Olkaria, la région de Naivasha, à l’ouest de Nairobi où se trouve le village entièrement dédié à la géothermie. Olkaria est une terre d’extrêmes. D’un côté, il a l’administration et l’équipe chargée de veiller au bon fonctionnement de cette entreprise gérée par la société KenGen et de l’autre, distribué un peu partout, de petits sites séparés interconnectés à chaque maillon du dispositif dans un environnement tout à fait exceptionnel. Les journalistes, ce matin-là, étaient bien attendus.
La géothermie et son histoire au Kenya
Ici, c’est la chaleur captée à trois milles (3000) Km qui fournit l’énergie générée par les activités magmatiques. L’histoire de la géothermie au Kenya est plus longue comme le bras et remonte vers les années 1954.
Aujourd’hui KenGen exploite cinq (6) grandes centrales géothermiques de 698 mégawatts avec 12 unités. L’énergie géothermique vient juste derrière l’hydroélectricité dans le mix énergétique du Kenya. Comme on le voit, le Kenya dispose aujourd’hui d’une capacité de 2819 mégawatts.
Celle qui a présenté la géothermie au Kenya aux journalistes, n’a pas manqué de souligner « que l’Afrique est le continent le mois éclairé de tous les autres malgré toutes ses potentialités dans le domaine de l’énergie renouvelable ». « Il faut renverser la tendance et la géothermie n’est pas la seule énergie susceptible de permettre aux pays africains sortir des énergies fossiles».
Et puis, elle a insisté sur le futur qui reste radieux au vu des investissements prévus. A court et à long terme le Kenya va passer de mix énergétique à une énergie totalement fournie par les énergies renouvelables.
La visite sur le terrain
C’est la même personne qui a conduit la visite. Les journalistes ont tour à tour observé de loin les installations implantées dans la dépression, d’où émergent une colonne de fumée blanche, les équipements de production et le cœur de la production de l’énergie géothermique.
Une visite qui laisse dans le cœur des journalistes un souvenir inoubliable selon lequel le continent africain peut bel et bien rompre avec le signe indien d’être toujours le dernier de la classe.
La géothermie, une piste selon le GIEC pour limiter le réchauffement climatique
Le Kenya peut s’enorgueillir d’être le précurseur africain de la géothermie. Cette place de leader lui vaut d’accueillir prochainement le Centre d’excellence africain pour la géothermie, soutenu par le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement. Ses voisins disposent aussi d’un potentiel important mais n’utilisent pas encore ou très peu.
Seul l’Ethiopie fait la différence et se présente comme le mix énergétique le plus écologique du monde. Dans la sous-région ouest-africaine, l’utilisation de la géothermie reste encore timide ou inexistante. Or dans le dernier rapport sur le réchauffement climatique le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du climat) mise davantage sur les énergies renouvelables pour endiguer les effets des changements climatiques.
- Selon les mots de Hoesung Lee, Président Du GIEC : « nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous avons les outils et le savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement climatique ».
Les énergies renouvelables, notamment la géothermie font partie de ces outils, dont parle le Président du GIEC, et il appartient aux pays africains d’explorer la possibilité d’utiliser cette énergie pour réaliser un développement sobre en carbone.