C’est comme toutes les autres COP pratiquement. C’est à Bonn où se trouve le siège de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), que se dessinent chaque fois, les premiers schémas de la COP de l’année en cours. Experts, Scientifiques, points focaux, qui constituent les organes de mise en œuvre, sont à Bonn depuis lundi dans le cadre de la 56ème Session de l’Organe Subsidiaire du Conseil Scientifique et Technologique, et réfléchissent, à tout ce qu’il faut, pour faire avancer les négociations relatives à l’aggravation de la crise climatique. Après la COP22 en 2016 au Maroc, la prochaine COP, la COP27 se tient sur la terre africaine. C’est Charm El-Cheikh en Égypte qui accueille cette rencontre aux enjeux multiples.
Didier Hubert MADAFIME, Envoyé Spécial, l’ Alliance Pan-Africaine de Média pour les Changement Climatiques (PAMACC)
En-tête de ces enjeux, il y a les problèmes qui ont voyagé de COP en COP, soit, avec une demi-solution, soit, pas du tout de solution. Figure dans la première catégorie, les pertes et dommages. Si la COP 19 en 2013 à Varsovie a approuvé la mise en place d’un mécanisme international de Varsovie sur les pertes et dommages, les pays, dont les Etats-Unis en tête, bloquent toujours la mise en place d’une facilité financière.
Elle a été sollicitée par le G77, un regroupement des pays les plus pauvres, victimes du réchauffement climatique, en guise de compensation aux effets des changements climatiques. Refus catégorique aussi à Glasgow à la COP26. Les pays qui font front à cette proposition préfèrent laisser les assurances s’occuper, cette question.
Mais qui dit assurance, sait, qu’il faut, au préalable, payer une prime. Enfin, tel qu’il est imaginé, on a l’impression d’être en face d’une fuite de responsabilité de la part des pays riches, qui, selon ce qu’ils avancent, ne sont pas prêts à porter au dos toute la misère du monde. Il appartient donc, aux pays pauvres de mettre, eux aussi, la main à la poche pour assurer les dommages causés par le mauvais choix de développement des pays riches. Mais, tout le monde en convient, les grandes sociétés d’assurances, souvent des appendices des pays riches ne regarderait pas ça d’un mauvais œil.
De la part des pays pauvres, c’est un niet catégorique qu’il y oppose. Il n’est pas pour autant ranger à cause de ces divergences. Il sera le principal dossier à la COP 27, c’est pourquoi, ils figurent bel et bien sur l’agenda des négociations à Bonn.
Les pertes et dommages, en quoi, soient-ils si importants pour les pays pauvres ?
A l’origine, les changements climatiques, qui ont rendu vulnérables tous les secteurs d’activités des pays pauvres et leurs populations. Ceux qui sont responsables de cette fragilité du système se connaissent aussi bien. Et pourtant, ils sont toujours dans le déni et estiment qu’on veut leur mettre sur le dos toute la misère du monde.
A ceux qui sont à Bonn, la Secrétaire Exécutive sortante de l’ONU sur les changements climatiques, Patricia Espinosa, a envoyé ce message, on ne peut plus clair. “Il n’est pas acceptable de dire que nous traversons une période difficile, même si nous le sommes. « Le changements climatique n’est pas un programme que nous pouvons nous permettre de repousser dans notre calendrier mondial ». Nous avons besoin de décisions et d’actions maintenant, et il incombe à toutes les nations de faire des progrès ici à Bonn dans les deux semaines à venir.”
Elle a souligné ensuite l’urgence des interventions et des décisions au niveau politique requises dans chacun des domaines d’intervention pour que les négociations parviennent à un ensemble équilibré. Ces domaines, selon elle, comprennent l’atténuation, l’adaptation, les pertes et dommages, ainsi que le financement et les moyens de mise en œuvre. Elle n’est pas la seule dans ce cas.
Madeleine Diouf Sar, Présidente du groupe des 46 pays les moins avancés (PMA) dans ces discussions, n’a pas mâché ses mots. « La crise climatique s’aggrave : nos populations et nos communautés souffrent des impacts dévastateurs du changement climatique, alors que les émissions continuent d’augmenter. À Bonn, les gouvernements doivent s’engager à prendre des mesures équitables et ambitieuses pour réduire les émissions et apporter un soutien adéquat aux plus pauvres et aux plus vulnérables, afin que nous puissions nous adapter aux impacts du changement climatique et remédier aux pertes et préjudices qu’il engendre. »
Les principales questions abordées à Bonn portent sur : un nouvel objectif en matière de financement climatique afin d’aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique ; un programme de travail visant à relever les objectifs de réduction des émissions des pays afin qu’ils atteignent le niveau nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5°C ; le financement de la lutte contre les pertes et les dommages causés par le changement climatique ; et le lancement d’un « bilan mondial » destiné à évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’accord de Paris.
Mme Sarr, n’a pas manqué d’ajouter ceci, « Les effets du changement climatique frappent déjà nos pays, et nous ne pouvons pas y faire face seuls. Des fonds doivent être octroyés pour aider nos communautés à s’adapter aux conséquences du changement climatique. Lors de
la COP26, les pays développés se sont engagés à doubler le financement de l’adaptation, mais on ne sait toujours pas comment et quand ces fonds parviendront aux communautés qui en ont le plus besoin. »
Adaptation, atténuation : des problèmes aussi sérieux
Comment ne pas mettre juste derrière les pertes et dommages, les questions liées à l’adaptation et à l’atténuation. Ce sont, en fait, des questions de survie pour les plus pauvres. Dans un climat qui change, il n’y a pas autre chose à faire que de trouver des moyens et d’élaborer des stratégies pour résister aux chocs climatiques. Cela ne peut se faire les mains vides.
Néanmoins, la caisse des 100 milliards de dollars par an proposé aux pays pauvres, à la COP 15 à Copenhague, peine à se remplir. C’est pour cette raison que les africains insistent sur le financement climat pour leur permettre de disposer de moyens suffisants en vue de faire face aux effets des changements climatiques.
L’atténuation, qui apparait aux yeux du monde comme la question qui intéresse, beaucoup plus, les pays riches reste aussi moins lotie. Or, l’avenir de l’humanité y dépend sérieusement. Quant à la mise en œuvre, elle est aussi une question essentielle.
Toutes fois, ça devrait pouvoir se faire normalement, quand tout ceci sera mis sur les rails. La COP 27 en Égypte, apparait donc comme un rendez-vous, que les africains doivent savoir négocier pour éviter un Glasgo II. Bonn apparait, dans ce cas, est comme un tournant qu’il faut bien négocier.