Par Didier Hubert MADAFIME
La rupture a atteint la crête dans la liquidation des structures, considérées, peu ou pas productives, ou jugées tout simplement comme des boulets, dont il faut se débarrasser, absolument, pour que le Bénin, respire mieux, économiquement. L’agence Bénin Presse n’a pas résisté à ce vent. Sous une plume officielle, il a été mis fin à ces activités. Mais dès qu’un média disparaît, qui plus est une agence, c’est la liberté de presse qui vacille.
Je m’attendais à une levée de boucliers pour désapprouver la décision, surtout de la part des hommes des médias mais aussi, de la part de ceux qui, durant de longues années, ont utilisé les services de ce média, j’avoue avoir été péniblement déçu. ” Ahouan yi dossou goudounon tomê” ” littéralement, la guerre a envahi le village de dossou le lépreux. C’est à croire qu’il n’y a plus personne ici.
En fait, l’ABP a été créée à l’image de l’AFP, l’Agence France Presse, créée, quant à elle le 20 août 1944 avec cette philosophie ” l’humanité a besoin de fournisseurs d’informations fiables, collectées et édictées par des journalistes professionnels” Et je peux le certifier avec force, l’ABP, créée en 1961, la même année que celle de la Côte-D’Ivoire et trois ans après celle du Burkina Faso a rempli sa mission.
Les informations dans les départements, c’étaient le rôle des journalistes de cette agence, qui les faisaient remonter à leur base située en face de la BOA. Ces informations sont transformées en bulletin et distribué dans tous les services de l’Etat. La rédaction du journal parlé de la radio nationale a beaucoup profité des services de cette agence. Quand le seul téléscripteur censé fournir à nos différentes éditions les informations en Afrique et dans le monde, venait à tomber en panne, l’ABP, était, tout simplement le seul recours.
A un moment donné, les journalistes de l’ABP, détachés pour la plupart dans les départements étaient devenus les yeux du journal parlé de la radio, au point où, des agenciers qu’ils étaient, on en avait transformé certains en journalistes radio, permettant à la Radio nationale, à l’époque de couvrir entièrement tout le territoire. Je m’incline devant la mémoire de ceux qui se sont illustrés dans ce partenariat Ortb-ABP. Il s’agit de: Victor Anagonou Baba- Fiacre Hounnou- Théodore Ahouangan Kploka- Benoît Siavi Hounssounou- Denis-Louis Akpoé.
C’est vrai et c’est notoirement connu, notre pays est avare en matière de mérite vis-à-vis de ces enfants, qui ont véritablement sacrifié une partie de leurs vies pour le servir, mais soyez rassurés d’une chose, certains de vos anciens collègues et amis ne vous oublieront jamais. Dans une société où les réseaux sociaux ont réussi à dégrader la qualité des informations, l’ABP, devrait être normalement le dernier rempart à faire le nettoyage des infos venant de l’intérieur de notre pays.
Les derniers responsables de cette agence et c’est regrettable n’ont pas su s’adapter au nouvel environnement médiatique préférant rester dans leur confort habituel. Mais il y a une chose que ceux, qui ont suscité la suppression de cette agence ont oublié, l’Ortb et l’ABP n’ont pas vocation à produire de la richesse mais depuis 2016, les temps ont changé et 1+1 doivent faire forcément 2 à tous les étages de la vie quotidienne du Bénin. Hélas!
De toutes les façons, la lutte pour la liberté de presse et la liberté d’informer doivent être une quête permanente et constante et la peur qu’on puisse en payer le prix ne saurait être un motif de faiblesse. A chacun donc de retenir ceci: Si la presse n’est pas libre, si la parole n’est pas indépendante et sans contraintes ou réduite à l’impuissance par la peur, peu importe le régime sous lequel vous vivez, vous êtes un sujet, pas un citoyen.
C’est ce que je crois!