Face au VIH-SIDA, c’était déjà la même rigidité. Pas de médicament, pas de vaccin, ni aucun autre remède en dehors de ce qui est censé sortir d’un laboratoire. L’Organisation Mondiale de la Santé ne blague pas avec ce principe. Donc, tous ceux qui proposeraient quelque chose d’autre, qui n’entrerait pas dans ce schéma classique sont des hors la loi et traités comme tels. Le VIH-SIDA, malheureusement est toujours là, il est même tombé dans une sorte de banalité. La science pour l’instant reste sans réponse au sujet de cette pandémie. Et puis, arrive la COVID 19. L’Organisation Mondiale de la Santé applique à cette infection le même discours et assure la veille. Le monde n’a pas le moindre traitement sous la main et tous les humains sont priés d’attendre un miracle des nombreux laboratoires et officines, sauf que cette fois-ci, cet avertissement aura eu très peu d’écho.
Didier Hubert MADAFIME, Correspondant à Cotonou du journal en ligne Africa Climate Reports
C’est Andry Rajoelina, le Président malgache, qui le premier, a violé ce code de l’Organisation Mondiale de la Santé à savoir, se taire aussi longtemps que possible, tant que les grands laboratoires internationaux et autres officines du même rang n’ont pas pris la parole au sujet d’un virus, d’une batterie ou d’une infection qui fait rage.
Et pourtant, le Président malgache fait une sortie télévisée un matin, une bouteille à la main. A l’intérieur, ce qu’il appelle le covid-organics, un produit sorti tout droit des laboratoires de son pays et qui peut, selon ses dires, liquider en quelques prises le nouveau coronavirus.
Pour lui, c’est du vrai, une sorte de tisane à base d’artemisia. « Les malades de la COVID-19 ayant accepté son traitement se sont rétablis au bout de sept jours pour certains, voire une guérison en dix jours », confie-t-il avec une fière allure. Il ajoute que le traitement curatif par le covid-organics est plus efficace et moins invasif pour l’organisme que le traitement à base de chloroquine.
Dans une vidéo conférence avec ses pairs africains, Andry Rajoelina assure la publicité de son produit dont il justifie l’avènement en ces termes : « nous sommes en guerre mais cette fois-ci, ce ne sont pas les bombes, ni les balles qui seront nos munitions, mais l’intelligence de nos scientifiques, l’audace de nos leaders et la solidarité ».
Ce discours passe très mal au siège de l’Organisation Mondiale de la Santé qui sonne la charge contre l’outrecuidant Président. Cela prend d’abord la forme d’une diabolisation du covid-organics. Mais cette charge n’a pas tout à fait prospéré puisque M. Rajoelina est resté sourd aux injonctions. Et puis, il y a eu la méthode douce, celle moins violente qui a réussi à doucher les ardeurs du Président Malgache.
L’institution qui gère la santé dans le monde lui tend la main et propose une collaboration qu’il accepte. L’un dans l’autre, le piège s’est refermé sur le produit malgache comme il s’est refermé aussi sur l’Api-covid-19, le produit du chercheur béninois, Valentin Agon.
Celui qui a juré tous les grands dieux au Burkina que son médicament peut traiter en un quart de tour, tous les malades de la COVID-19 est rentré en catimini dans son pays et s’est fait silencieux depuis cet épisode, ce qui n’est pas de ses habitudes.
Sur ces deux tableaux, l’Organisation Mondiale de la Santé a gagné à faire taire toutes les initiatives et propositions du commun des scientifiques et chercheurs concourant à la lutte contre la pandémie. Chose curieuse, l’Organisation Mondiale de la santé savait très bien que notre humanité était à la porte d’un grand danger.
Dans un de ses rapports publié au début de l’année 2018, elle alerte : « la maladie X viendra d’un virus d’origine animale et émergera quelque part sur la planète où le développement économique rapproche les humains de la faune sauvage.
La maladie X se propagera rapidement et silencieusement en exploitant les réseaux de voyage et de commerce humain ». La maladie X, on la connait aujourd’hui. C’est la COVID-19. Et rien n’a été fait jusqu’à l’arrivée de la pandémie. Ceci ne s’entend pas.
COVID 19 et les réseaux sociaux
Face aux milliers de morts par jour dans le monde, il n’y avait, dans la plupart des pays africains, que les gestes barrières qui comptaient. Au Bénin, un protocole strict a été instauré dans le cadre de l’utilisation de la chloroquine au moment même où en Europe, médecins, experts, et scientifiques se déchiraient au sujet de ce traitement.
Commencent alors à émerger, tous azimuts sur les réseaux sociaux, des propositions pour un traitement hors circuit de la COVID-19. Pratiquement, chaque famille au Bénin dispose de sa potion, souvent une sorte d’infusion ou de décoction à base de quelques éléments tirés de la nature, notamment une combinaison de citron, d’ail et de gingembre ou une tisane à base de feuilles de kinkéliba mélangées à du bissap et à du citron ou tout au plus une infusion d’artémisia.
L’effet papillon…… !
Dans des forums Whatsapp mis en place par un Béninois et régulièrement alimentés en informations sur la santé et le bien-être à partir des plantes, l’on peut lire par exemple : « pour guérir de la COVID 19 en 72h à 10 jours au plus, chers citoyens du monde, je vous offre gracieusement le fruit de mes recherches. J’ai traité plusieurs cas malades avec, et ils sont guéris.
Le test est négatif. Rassemblez les 4 plantes suivantes :
1- Racine de hymenocardia acida.
2- Feuilles et tiges du roi des herbes (Ageratum conazoîdes).
3- Plante entière de l’aubergine sauvage (solanum torvum).
4- Plante entière du desmodium adscendens. Portez à ébullition l’ensemble de ces plantes ou les sécher et broyer en poudre. Prendre 3 verres en bambou par jour sur 5 à 10 jours au plus. Ou prendre 3 cuillères à soupe de l’extrait en poudre dans de l’eau tiède sur 5 à 10 jours ».
« C’est un cadeau que j’offre pour l’humanité », écrit l’intéressé à la fin de la recette avec son nom et son numéro de téléphone. Docteur Enagnon Brice Sohou, c’est de lui qu’il s’agit. Il finira par sortir lui-même un produit du nom de LIQUEUR EB+ pour un traitement de 72 heures au profit de tous ceux qui sont atteints de la COVID-19.
Cela a de quoi irriter les lobbies et multinationales pharmaceutiques, a-t-il admis lui-même. Effectivement, sa tête a été mise à prix et à ceux qui bénéficient de ses conseils, il envoie un matin ce message : « avec le temps difficile que nous traversons, et les pressions venant de multinationales sur notre personne, nous avons le devoir d’être prudent et de mettre fin à toute forme de solidarité pouvant conduire à des situations difficiles non maitrisables. Tous les forums seront fermés malgré ma bonne volonté de conserver ce réseau de solidarité ».
Dans la foulée, une lettre circulaire tombe à la surprise générale. Elle est prise par le Directeur Général de l’Agence Béninoise de Régulation Pharmaceutique qui invite tout distributeur et dispensateur de produits pharmaceutiques à suspendre la distribution et la dispensation des produits à base d’artemisia sous la forme de thé ou de tisane s’il n’a obtenu l’autorisation de mise sur le marché délivrée par l’Agence Béninoise de Régulation Pharmaceutique.
De toutes les façons, le mur dressé contre l’utilisation des plantes par les africains pour soigner telle ou telle maladie est désormais fissuré.
Les lobbies et autres multinationales pharmaceutiques qui n’ont que le profit pour tout langage ont besoin de se réajuster au risque de se retrouver dans la même position, comme ce fut le cas de la laitière au pot au lait « adieu veau, vache, cochon, couvée… ». Ils auront l’air ‘‘Gros-Jean’’ comme devant.