Par Didier Hubert MADAFIME
Ouf, le Bénin a désormais une loi sur les sachets plastiques.
La loi Okoundé, baptisée du nom du député qui en a été l’initiateur. Cette loi interdit la production, l’exportation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques non-biodégradables en République du Bénin.
La guerre contre les sachets plastiques est donc lancée. Mais quelle forme prendra-t-elle ? La question mérite d’être posée.
Une autorité du Bénin disait sur une chaine de télévision béninoise par rapport à la loi sur les sachets plastiques, il y a quelques semaines, « Je vais réprimer, passé six mois je vais réprimer quiconque chez qui on trouverait un sachet plastique ».
Ce qui suppose que la lutte contre les sachets plastiques va ressembler à celle qui a consisté à dégager certains béninois qui occupaient illégalement des espaces publics. Du coup, on est en droit de se demander si au Bénin tout doit être réglé par la brutalité.
Ici, nous sommes dans le domaine de changement de comportement et dans un domaine pareil, il faut être très très pédagogique. Va-t-on mettre un gendarme derrière chaque Béninois. Si c’est cela, il faut alors dix millions de gendarmes pour dix millions de Béninois ; ou encore des haies de gendarmes autour de nos différents marchés pour fouiller quiconque entre ou sort.
Cette croisade pour la salubrité sera très compliquée si on ne trouve pas la meilleure formule. Mais avant de partager mon opinion sur ce sujet, je voudrais rendre d’abord hommage à certaines personnes, qui pendant de longues années se sont battues pour attirer notre attention sur les dangers que constituent les sachets plastiques sans y parvenir parce qu’au début, chacun les trouvait pratiques.
La première a nom madame Honorine Attikpa. Elle a compris très tôt le danger des sacs en plastique et à la place, elle avait proposé un sac en toile de 100 f à usage multiple. Personne ne lui a accordé le moindre regard. Il y a eu également madame Grâce Dotou et plein d’autres. Le rôle des journalistes n’a pas été négligeable non plus, jusqu’à l’avènement de la loi Okoundé.
Responsabiliser les terroirs
Comme toutes nos lois, celle sur les plastiques risque de rester à quai si elle n’est pas accompagnée d’une bonne stratégie de communication bien pensée et suffisamment mûrie. Amener le Béninois à détester l’utilisation des sachets plastiques doit être l’objectif.
C’est d’ailleurs pour cela que la première chose à faire par le gouvernement devrait consister à responsabiliser les terroirs. Le village, le quartier de ville, ce sont de petites entités faciles à contrôler. Le Chef de village connait sur les doigts les maisons dans lesquelles existent de petits commerces où le plastique est vendu ou offert. Il en est de même du Chef quartier.
Une communication de proximité a beaucoup plus de chance de prospérer qu’une communication de masse qui pêche souvent par son inefficacité. En cas de résistance, le Chef de village ou le chef quartier peut exiger du propriétaire, le renvoi du locataire qui refuse de s’insérer dans la lutte.
Au cas où c’est dans la maison du propriétaire que ça se passe, le Chef village ou le Chef quartier a le choix d’organiser le boycott des activités commerciales d’une maison où le message ne passe pas. Bref, autant de solutions ou de petites choses qui peuvent conduire à mettre fin à l’utilisation des sachets plastiques.
Sachets biodégradables : une aubaine pour les opportunistes
C’est l’autre danger qui guette la lutte contre l’utilisation des plastiques. Une douzaine d’échantillons de sachets supposés bio dégradables ou non circule aujourd’hui dans notre pays.
Des opportunistes voient là une occasion pour se faire de l’argent. A la recherche de bailleurs de fonds, ils sont prêts à déverser dans notre pays des frivolités qui n’auront que le temps de nous pourrir davantage l’existence.
Le gouvernement a l’obligation de faire la salubrité. A défaut d’un laboratoire digne de ce nom pour attester de la biodégradabilité de ce qui est proposé à la pelle, le gouvernement à travers le Ministère du Cadre de vie, doit prendre ses responsabilités pour que les Béninois ne soient pas embarquer dans une aventure qu’ils regretteront plus tard.
Le choix doit être responsable et de qualité. Il ne faut surtout pas réveiller l’enfant en voulant le faire s’endormir. C’est ce que je crois.