« Le Sahel est une priorité pour le Secrétaire général et l’ensemble du système des Nations Unies. C’est un test décisif des réformes de l’ONU en cours, qui visent à mieux prévenir et traiter les crises complexes et multidimensionnelles telles que celle que nous connaissons dans la région », a déclaré Mme Mohammed lors de la Réunion consultative stratégique sur le Sahel organisée mercredi à Nouakchott, la capitale mauritanienne.
L’insécurité et l’instabilité au Sahel découlent de la menace croissante que représentent le terrorisme et l’extrémisme violent et de sa propagation dans les pays et régions environnants. Celles-ci sont aggravées – ou provoquées – par les faibles progrès de développement dans les 10 pays du Sahel et les conséquences du changement climatique sur la sécurité alimentaire, les flux migratoires et les conflits liés aux terres et aux ressources.
La réunion dans la capitale mauritanienne a pour objectif d’aligner les efforts de sécurité et de développement menés par les pays, les peuples et les institutions de la sous-région sur ceux de l’Union africaine (UA), des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux.
« Si nous voulons mettre fin à la violence, aux conflits et au terrorisme dans la région, nous devons nous attaquer à leurs causes profondes, notamment le manque d’accès aux droits fondamentaux, aux services et opportunités économiques, l’exclusion socioéconomique, la marginalisation, la discrimination et la corruption », a souligné la Vice-Secrétaire générale.
Une Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel recalibrée
Pour Mme Mohammed, les récents attentats terroristes à Ouagadougou, au Burkina Faso, ainsi que les attaques quasi quotidiennes contre les acteurs étatiques, les civils et les Casques bleus des Nations Unies au Mali, et les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires rappellent l’urgence d’agir.
« Si la situation au Burkina Faso, au Niger et au Mali demeure une préoccupation majeure, le flux d’instabilité vers d’autres pays est également préoccupant et doit être stoppé sans plus tarder », a ajouté la numéro deux de l’ONU, rappelant que la crise au Sahel nécessite une approche qui crée les bonnes conditions et un environnement propice aux solutions à long terme et au développement durable.
Au cours de la dernière année, les Nations Unies ont œuvré à recalibrer la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (SINUS) pour veiller à ce qu’il réponde aux besoins des pays de la région et pour renforcer ses partenariats avec les gouvernements nationaux et d’autres acteurs.
L’ONU a identifié cinq priorités clés pour mettre en œuvre cette nouvelle stratégie : une croissance inclusive et équitable ; les services publics, y compris l’accès aux services de base, la gouvernance et la primauté du droit ; le climat et l’énergie ; l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ; et la sécurité, y compris la prévention de l’extrémisme violent, de la criminalité transnationale et de la traite des êtres humains.
24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire
Alors que la situation sécuritaire au Sahel est préoccupante, Mme Mohammed a appelé à ne pas négliger la « crise humanitaire massive » qui frappe la région.
L’insécurité croissante au Mali et les attaques armées dans les régions frontalières du Burkina Faso et du Niger ont déraciné des centaines de familles ces derniers mois, s’ajoutant aux ravages causés par le conflit dans le bassin du lac Tchad. Dans le même temps, la sécheresse a touché une grande partie du Sahel, la Mauritanie et certaines parties du Burkina Faso, du Tchad, du Sénégal et du Mali étant les plus touchées.
Au total, 24 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire au Sahel en 2018. Pour répondre aux besoins les plus urgents dans la région, l’ONU et ses partenaires ont besoin de 2,7 milliards de dollars pour les interventions humanitaires dans huit pays : Burkina Faso, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Tchad.