Par Atâyi Babs
Les pays africains sont depuis longtemps au centre d’incidents liés au déversement de déchets dangereux.
Des fuites de barils contenant des composés chimiques toxiques à Koko au Nigeria en 1988 aux piles de déchets électroniques menaçant la santé des communautés ouest-africaines en passant par le scandale Probo Koala en Côte d’Ivoire en 2006, le continent africain continue d’être victime de manière disproportionnée du déversement de déchets chimiques toxiques.
Afin d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent et dans l’optique de renforcer les traités internationaux existants relatifs à l’importation et à l’élimination des déchets dangereux – tels que la Convention de Bâle et la Convention de Bamako – les Etats africains se réunissent pour la deuxième Conférence des Parties (COP2) à la Convention de Bamako.
La Conférence se tiendra du 30 janvier au 1er février 2018 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Tout en poursuivant les objectifs de la Convention, la COP 2 sera une plate-forme qui permettra de discuter des moyens de s’assurer que le continent se débarrasse des déchets dangereux et contribue à la réalisation d’une planète sans pollution.
« Il est de notre responsabilité collective de protéger nos communautés contre les conséquences environnementales et sanitaires du déversement de déchets dangereux », a déclaré Ibrahim Thiaw, Directeur Exécutif adjoint d’ONU Environnement.
« La création de partenariats public-privé régionaux pourrait déboucher sur la création d’infrastructures adéquates pour la gestion des déchets dangereux produits en Afrique. Les expériences vécues nous ont amenés à établir ces traités internationaux sur les déchets chimiques, et ensemble nous devons nous assurer qu’ils continuent à être respectés. » a-t- il ajouté.
La Convention de Bâle, établie en 1989, interdit l’importation et l’élimination des déchets dangereux des pays industrialisés dans les pays en développement. Ce traité international établit une procédure qui comprend des exigences strictes et nécessite le consentement du pays destinataire pour tout mouvement transfrontalier de déchets dangereux.
Les nations africaines ont établi la Convention de Bamako en 1991 avec pour objectif de répondre à des préoccupations non prises en compte par la Convention de Bâle. La Convention de Bamako, entrée en vigueur en 1998, vise à protéger la santé des populations et l’environnement des pays africains en interdisant l’importation de tous les produits dangereux et déchets radioactifs.
Elle interdit également le déversement ou l’incinération de déchets dangereux dans les océans et les eaux intérieures et encourage la réduction et le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux sur le continent africain. La Convention vise également à améliorer et à assurer la gestion écologiquement rationnelle et le traitement des déchets dangereux en Afrique, ainsi que la coopération entre les nations africaines.
« La deuxième Conférence des Parties à la Convention de Bamako, permettra aux Etats Africains de réaffirmer leur engagement pour une mise en œuvre efficace de la Convention, notamment en établissant des synergies avec d’autres traités internationaux », selon Julliette Biao Koudenoukpo, Directrice Régionale et Représentante pour l’Afrique d’ONU Environnement.
« Les parties identifieront également les mécanismes et les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de la Convention », a-t-elle ajouté.
La première Conférence des Parties (COP-1) à la Convention de Bamako s’est déroulée du 24 au 26 juin 2013 à Bamako au Mali. L’un des résultats de cette conférence est une déclaration ministérielle dans laquelle les ministres Africains de l’environnement affirment leur détermination « à empêcher que l’Afrique ne devienne un dépotoir de déchets toxiques par une mise en œuvre efficace de la Convention de Bamako ».
La déclaration stipule en outre que « l’importation de déchets dangereux en Afrique est un crime contre l’humanité » et les ministres s’engagent à « inciter la mise en place de mesures pour surmonter les obstacles à la gestion efficace et à la réduction des déchets en Afrique grâce à une meilleure connaissance des scénarios de gestion des déchets afin de prévenir les effets néfastes sur la santé et l’environnement ».