Par Atâyi Babs
La consommation énergétique de l’Afrique est plus faible que celle de tous les autres continents et la consommation par habitant n’a pratiquement pas changé depuis l’an 2000 comme l’indique l’Atlas des Ressources en Energie de l’Afrique, un rapport publié conjointement par l’ONU Environnement et la Banque Africaine de Développement.
La production énergétique actuelle en Afrique ne répond pas à la demande du marché. Environ un tiers de la population africaine n’a toujours pas accès à l’électricité et 53% de la population dépend de la biomasse pour la cuisine, le chauffage et le séchage. L’énergie nécessaire à deux utilisations d’une bouilloire électrique par une famille britannique correspond à plus de cinq fois l’électricité consommée par un Malien en une année.
Préparé en collaboration avec l’Environment Pulse Institute, le United States Geological Survey et l’Université George Mason, l’Atlas consolide les informations disponibles sur le paysage énergétique en Afrique.
Au cœur du développement d’infrastructures énergétiques
Il fournit ces informations sous forme d’images, de cartes, et d’autres données satellitaires sur les 54 pays africains à travers des visuels détaillant les défis et les opportunités de fournir à la population des services énergétiques fiables, abordables et modernes.
« L’Atlas démontre que l’investissement dans des infrastructures d’énergie verte peut soutenir le développement économique de l’Afrique et favoriser la réalisation des Objectifs de Développement Durable. Il s’agit donc d’un guide important pour les gouvernements africains qui s’évertuent à catalyser leur développement national en utilisant leurs ressources énergétiques propres », a déclaré Juliette Biao Koudenoukpo, Directrice Régionale et Représentante pour l’Afrique de l’ONU Environnement.
L’Atlas met en avant à la fois le potentiel et la fragilité des ressources énergétiques de l’Afrique qui sont au cœur du développement socio-économique du continent. Il met en lumière quelques exemples de réussite en matière de développement du secteur de l’énergie durable sur le continent, mais aussi les principaux défis environnementaux associés au développement d’infrastructures énergétiques.
L’Atlas aborde les échecs ainsi que les bonnes pratiques de la gestion des déchets dangereux et de la pollution associée aux explorations pétrolières et gazières dans divers pays africains. Il propose également des recommandations sur les opportunités à saisir grâce à l’implication du secteur privé et à la mise en place de partenariats dans le domaine la gestion durable des déchets du secteur de l’énergie.
Un aperçu complet des ressources énergétiques
« L’Atlas fournit un aperçu complet des ressources énergétiques de l’Afrique. Un accent particulier est mis sur les défis
liés aux changements climatiques et à la pollution, notamment la pollution atmosphérique, qui entravent la réalisation des ODD », selon Amadou Hott, Vice-Président chargé de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte à la Banque Africaine de Développement.
Les réserves de charbon, de gaz naturel et de pétrole représentent respectivement 3,6%, 7,5% et 7,6% des réserves mondiales. Une population croissante, une industrialisation soutenue et une urbanisation grandissante signifient une augmentation de la demande en énergie en Afrique.
Seule une fraction minime du potentiel énergétique existant est actuellement exploitée causant un énorme retard du continent dans le secteur de l’industrie en raison d’un accès limité et peu fiable à l’énergie.
Conclusions et préoccupations relevées
Les Principales conclusions et préoccupations relevées par l’Atlas indiquent que la consommation énergétique par habitant en Afrique est la plus faible au monde : bien qu’elle compte 16% de la population mondiale (1,18 milliard de personnes sur 7,35 milliards), la consommation énergétique s’élève à environ 3,3% de l’énergie primaire sur le plan mondial; au rythme actuel, l’Afrique n’atteindra pas l’objectif de l’accès à l’énergie pour tous avant 2080; et de toutes les sources d’énergie existantes, l’Afrique consomme principalement du pétrole (42% de sa consommation totale d’énergie), suivi du gaz (28%), du charbon (22%), de l’hydroélectricité (6%), des énergies renouvelables (1%) et du nucléaire (1%).
Les autres conclusions et préoccupations sont que l’Afrique du Sud est le septième plus grand producteur de charbon au monde et représente 94 % de la production de charbon en Afrique; les ressources énergétiques renouvelables de l’Afrique sont diverses, inégalement réparties et en quantité énormes : son potentiel solaire est quasi illimité (10 TW), l’hydroélectricité est abondante (350 GW), sans oublier l’énergie éolienne (110 GW) et les sources d’énergie géothermique (15 GW); près de 60% des réfrigérateurs utilisés dans les centres de santé en Afrique ne bénéficient pas d’une alimentation en électricité fiable, compromettant le stockage des vaccins et des médicaments : la moitié des vaccins sont perdus en raison du manque de réfrigération; et l’énergie issue de la biomasse représente plus de 30 % de l’énergie consommée en Afrique et plus de 80 % dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. La pollution intérieure due à la cuisson utilisant la biomasse – une tâche généralement accomplie par les femmes – fera bientôt plus de victimes que le paludisme et le VIH / SIDA réunis.
L’Atlas a également souligné que les ressources énergétique de l’Afrique subsaharienne non découvertes mais techniquement accessibles sont estimées à environ 115,34 milliards de barils de pétrole et 21,05 billions de mètres cubes de gaz; et les femmes souffrent davantage de la pauvreté énergétique que les hommes.