Par Roger Pholo
La salle des banquets du palais du peuple a servi de cadre ce vendredi 30 septembre pour abriter l’atelier d’échanges interactifs entre les députés nationaux ,les peuples autochtones pygmées , les agences des Nations Unies et les membres du gouvernement sur la situation des peuples autochtones pygmées de la Rdcongo.
Ce dialogue dont l’objectif général est d’initier un contact direct au niveau de l’Assemblée Nationale entre les Députés Nationaux , les peuples autochtones pygmées , les agences des Nations Unies et les membres du Gouvernement sur la situation des peuples autochtones pygmées en RDC ainsi que leurs droits fondamentaux.
Cependant ces objectifs spécifiques sont d’attirer l’attention des élus du peuple sur le mode de vie des peuples autochtones pygmées en RD Congo grâce aux images et témoignages des communautés concernées; partager avec les élus du peuple les initiatives fructueuses existantes au niveau de la sous-région et à travers le monde allant dans le sens de protéger et promouvoir les droits des peuples autochtones ainsi que leurs territoires ancestraux; et expliquer la légitimité de la proposition de loi notamment les raisons justifiant l’importance et la nécessité d’une législation spécifique en faveur des peuples autochtones pygmées et la base constitutionnelle sur laquelle repose cette initiative.
D’autres objetifs sont de créer un débat sur la question autochtone au niveau du parlement « Assemblée Nationale et Sénat » afin de faciliter la compréhension de cette problématique que représente la question autochtone; et livrer le contenu de la proposition de la loi aux élus du peuple et recueillir leurs observations.
La République Démocratique du Congo fait partie des Etats où d’importants efforts sont déployés pour la protection et la promotion des droits des peuples autochtones .
Le pays a voté en faveur de l’adoption de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) le 13 septembre 2007.Il a donc par conséquent , entre autres obligations , celle d’assurer la mise en œuvre de la déclaration et de veiller à ce que les droits des peuples autochtones soient respectés , protégés et promus.
Sept ans après l’adoption de la déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones en 2014 , le pays a pris part à la conférence mondiale sur les peuples autochtones , tenues à New York. Celle –ci a débouché sur un document final reprenant des engagements concrets pris par les Etats , ainsi que des actions attendues de la part des agences du système des Nations –Unies , des partenaires multilatéraux et d’autres parties prenantes , en vue d’atteindre les objectifs de la déclaration des Nations Unies sur les Droits des peuples autochtones.
La résolution 69/2 de l’assemblée générale de l’ONU portant document final de la conférence Mondiale sur les peuples autochtones, prévoit que les Etats s’engagent :- à coopérer avec les peuples autochtones par le biais de leurs propres institutions représentatives, pour élaborer et mettre en œuvre des plans d’action, des stratégies ou d’autres mesures.- l’égalité d’accès à une bonne éducation de qualité, aux soins, au logement, à l’eau, à l’assainissement et à d’autres programmes économiques et sociaux destinés à améliorer le bien-être, à intensifier, en coopération avec les peuples autochtones, les efforts pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence et de discrimination envers les peuples autochtones;-à promouvoir, en collaboration avec les peuples autochtones concernés, des politiques, des programmes et des ressources permettant de pourvoir aux occupations des peuples autochtones, à leurs activités traditionnelles de subsistance, leurs moyens d’existence, leurs économies, leur sécurité alimentaire et leur nutrition.
Sur la question de la gestion des ressources naturelles, le document final de la conférence mondiale encourage les gouvernements tant national que provinciaux à reconnaitre l’importante contribution des peuples autochtones à la promotion du développement durable, afin de parvenir à un juste équilibre entre les besoins économiques, sociaux et environnementaux des générations présentes et futures, et à tenir compte de la nécessité de promouvoir l’harmonie avec la nature pour protéger notre planète et ses écosystèmes, et à respecter la contribution des peuples autochtones à la gestion des écosystèmes et au développement durable, entre autres en respectant les savoirs des ces peuples autochtones et leurs stratégies en matière de préservation de l’environnement.
Cependant, tous ces efforts semblent vains car la situation des droits des peuples autochtones pygmées demeure très préoccupante. Leurs droits sont déniés et cela ne fait que s’accroitre dans plusieurs coins du pays et leurs conditions de vie se détériorent de plus en plus .
Les résultats de la mise en œuvre de la déclaration des Nations Unies sur les peuples autochtones ne sont pas encore suffisants sur terrain , et ne permettent pas d’inverser la tendance et de changer les mentalités pour une meilleure prise en compte des droits des peuples autochtones et une amélioration de leurs conditions de vie .
La Dynamique des Groupes des peuples Autochtones (DGPA) veut renverser la tendance
Vu tout ce qui précède , la DGPA avait initié une série d’actions en vue de renverser la tendance mais surtout visant à influencer l’élaboration d’une loi spécifique en faveur des peuples autochtones pygmées en RD Congo à l’instar d’autres pays de la sous- région comme le Congo-Brazzaville.
Le processus visant à influencer l’élaboration d’une proposition ou projet de loi en faveur des peuples autochtones pygmées en RD Congo a pris au total 4 ans sous l’égide de la DGPA avec un apport considérable et sans faille des honorables Députés Nationaux et Sénateurs réunis au sein d’un groupe de travail dénommé « Collectif des Parlementaires pour la Défense et la promotion des Droits des peuples autochtones pygmées en RDC »
Même si depuis 2007 , des progrès significatifs avaient été réalisés , un bilan s’avère nécessaire pour tirer des leçons et s’accorder sur les priorités .celui-ci a permis de clarifier les orientations pour l’avenir et de voir comment coordonner les efforts afin que les impacts induisent un effet d’entrainement susceptible de réduire durablement la pauvreté des peuples autochtones pygmées en RD Congo , a déclaré Mr Patric Saidi .
Ce bilan permettra d’aligner les efforts et initiatives en cours avec les dispositions du document final de la conférence mondiale sur les peuples autochtones a-t-il renchéri .
Un projet d’édit portant promotion et protection des droits des peuples autochtones pygmées –Bambuti a été initié au Nord Kivu et il ne fait aucun doute que le processus législatif entrepris au niveau national guidera les différentes initiatives entreprises au niveau des provinces a-t-il conclu.
Dès 2009 la DGPA s’est lancé dans une analyse des réalités vécues par les peuples autochtones dans les dix provinces où ils vivent .Ce travail avait pour finalité de peaufiner une stratégie d’information sur la définition de mise en place d’un cadre juridique assurant la protection et la promotion des peuples autochtones .
Cette structure a mené pendant deux ans c’est –à dire de 2012-2014 , un autre processus de consultation auprès des organisations à travers le pays et auprès des organisations des autres pays ayant une expérience dans l’établissement d’un cadre juridique en faveur des droits des peuples autochtones comme la République Centrafricaine.
Elle a également échangé avec des professionnels du droit et des ONG Internationales des droits de l’homme et de la protection des forêts tropicales .Des peuples autochtones des dix provinces susmentionnées ont été consultés à plusieurs reprises , avant et après l’élaboration de l’ébauche de proposition de loi relative aux droits des peuples autochtones pygmées.
La DGPA a donc mobilisé un collectifs des parlementaires de la majorité présidentielle et de l’opposition pour travailler ensemble sur cette loi, la soumettre et la défendre au parlement .
Cette proposition de texte qui en effet est le produit d’un processus participatif car reflétant les différentes aspirations et réalités vécues par les peuples autochtones à travers le pays a été finalisé par des représentants des groupes autochtones des différentes provinces du pays en juin 2014 pour être soumis au parlement le 31 juillet 2014.
Un dialogue interactif avec le parlement à l’horizon 2017
A l’issu des assises de table ronde sur les engagements de la RD Congo et de ses partenaires en faveur des peuples autochtones tenue du 14 au 16 juin de cette année au Kempeski Fleuve Congo Hôtel /Kinshasa sous le thème : « Bilan et perspectives ».
Cette table ronde appuyé financièrement et techniquement par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme, du Groupe International pour les Affaires Autochtones , du Fonds International pour le Développement Agricole, la Banque Mondiale, la DGPA, et REPALEF, sous le haut patronage du Ministre de la Justice et des Droits Humains.
C’est donc dans le souci de la mise en œuvre des résolutions de la table ronde que ce dialogue interactif entre les députés nationaux , les peuples autochtones pygmées , les organisations de la société civile, les agences des Nations Unies , les membres du Gouvernement et autres parties prenantes , est organisé au niveau de l’Assemblée Nationale.
Une loi classée parmi les arriérés législatifs
Cette proposition de loi portant principes fondamentaux relatifs aux droits des peuples autochtones fait couler beaucoup d’encre: Pour plusieurs observateurs , cette loi risque d’attendre très longtemps car voilà 8 ans écoulés depuis qu’elle a été proposée, elle est restée sans suite favorable, est ce que cette dernière session sera salutaire pour nous les peuples autochtones s’est écrié un autochtones interviewé pour la circonstance et à celui d’ironiser :pensez –vous que cette loi sans nous pourra vraiment sauver notre vie et nous faire sortir de la misère ? a conclu celui-ci.
Considérés comme dindons de la farce ce peuple se rend de plus en plus compte qu’elle n’est utilisée que comme la reine houe utile au semi et au labour, rejetée et abandonnée en période de la récolte a murmuré un autre membre de la société civile qui a requis l’anonymat.
Il a poursuivi en émettant des doutes quant à la volonté des acteurs de voir ce peuple libéré du joug colonial.
Cette journée a connu une présence massive des députés, membres du gouvernement et de l société civile , preuve que cette question est intériorisée par plusieurs décideurs et ce à tous les niveaux.