Par Tony GAMAL-GABRIEL
L’Egypte et la Russie ont signé jeudi au Caire un accord pour la construction de la première centrale nucléaire en Egypte, au moment où les deux alliés doivent gérer le drame de l’avion russe qui s’est écrasé fin octobre dans le Sinaï.
“Cette signature est un message illustrant le poids des relations entre nous et la Russie”, a souligné le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, quelques semaines après le crash d’un appareil russe dans le Sinaï égyptien ayant coûté la vie aux 224 personnes à bord, majoritairement russes.
Moscou participera au financement de la centrale –dotée de quatre réacteurs d’une puissance de 1.200 MW chacun– par le biais d’un prêt accordé aux autorités égyptiennes, selon un second accord signé lors d’une cérémonie au Caire, à laquelle a assisté M. Sissi et retransmise à la télévision publique.
M. Sissi a précisé que ce prêt sera remboursé sur “35 ans”, sans dévoiler plus de détails quant à ses modalités ou son montant. “Depuis longtemps l’Egypte rêvait d’avoir son programme nucléaire pacifique, pour la production électrique”, a-t-il affirmé.
Au début des années 1980, sous le régime du président Hosni Moubarak, l’Egypte avait déjà envisagé la construction d’une centrale électrique nucléaire à Dabaa mais le projet n’a jamais vu le jour, suspendu après la catastrophe de Tchernobyl en 1986.
Jeudi, en présence du président Sissi, Sergueï Kirienko, le directeur général de Rosatom, l’Agence fédérale de l’énergie atomique en Russie, et le ministre égyptien de l’Electricité, Mohamed Chaker, ont signé l’accord pour la construction de la centrale, qui se trouvera dans la région de Dabaa, dans le nord de l’Egypte.
‘Leader régional’
“Cette première centrale fera de l’Egypte un leader régional en termes de technologie et le seul pays dans la région disposant d’une centrale nucléaire de génération 3+”, a déclaré M. Kirienko, cité par l’agence russe Interfax, précisant que cette centrale sera dotée de “quatre réacteurs d’une puissance de 1.200 MW chacun”.
M. Kirienko a cependant indiqué que l’octroi d’un crédit à l’Egypte pour le financement de la centrale, pratique courante pour la Russie, “est en cours de discussions”.
En février, lors d’une visite du président russe Vladimir Poutine au Caire, les deux pays avaient déjà signé un accord préliminaire pour la construction de la centrale.
Depuis que M. Sissi, alors chef de l’armée, a destitué en juillet 2013 le président islamiste Mohamed Morsi, Moscou est très vite apparue comme la principale capitale non arabe à soutenir le nouveau pouvoir.
La Russie a admis mardi que le crash du 31 octobre avait été provoqué par un attentat à la bombe, mais l’Egypte semble traîner des pieds pour reconnaître la thèse de l’attentat, les autorités répétant qu’on ne peut tirer aucune conclusion définitive avant la fin de l’enquête.
Le président russe et son homologue égyptien ont cependant convenu mercredi au téléphone de la nécessité d’une “étroite coordination” entre leurs services secrets.
Jeudi, M. Sissi a assuré que “le peuple égyptien comprenait les préoccupations du peuple russe et de la direction (du pays) concernant la sécurité de ses citoyens”.
“Nous avons fait preuve de compréhension et de coopération avec les délégations envoyées par la Russie et les pays concernés, (…) et nous assurons que nous traitons du sujet de manière totalement transparente”, a souligné M. Sissi.
Le groupe jihadiste Etat islamique, qui a revendiqué le crash le jour même, a affirmé mercredi avoir introduit une bombe à bord de l’appareil en exploitant une faille dans le système de sécurité de l’aéroport de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, d’où a décollé l’avion.
A la suite de ce crash, Moscou avait suspendu tous les vols russes à destination de l’Égypte et interdit à la compagnie égyptienne Egypt Air d’effectuer des liaisons vers la Russie, évacuant plus de 80.000 touristes russes restés sur place.