Par Kané Illah
Dans le cadre des préparatifs de la 21ème Conférence des Parties (COP) à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCUNCC) – qui aura lieu à Paris (France) du 30 novembre au 11 décembre 2015 – des acteurs de la société civile de plusieurs pays se sont retrouvés le 12 novembre dernier à Niamey, afin de se pencher sur les multiples menaces qui pèsent sur le Lac Tchad, dont celles liées aux changements climatiques.
Sous le slogan «Agir pour le Lac Tchad», les participants à la rencontre de Niamey ont formulé plusieurs recommandations visant à sauver cet important point d’eau dont dépend la vie d’environ trente millions (30.000.000) de personnes de plusieurs nationalités.
Le coup d’envoi de la rencontre de Niamey a été donné lors d’une cérémonie présidée par le ministre nigérien de l’environnement, de la salubrité urbaine et du développement durable, M. Adamou Chaiffou, en présence de l’ambassadeur de France au Niger, M. Marcel Escarre.
La rencontre a été organisée par la coalition nigérienne de la société civile sur les changements climatiques et le développement durable, avec l’appui de la Coopération française et l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Après avoir écouté les points de vue et les travaux des experts scientifiques et parlementaires, les participants venus des différents pays riverains du Lac Tchad ont formulé plusieurs recommandations.
Ainsi, sur le plan sécuritaire, ils ont recommandé la prise des mesures urgentes pour résoudre les problèmes sécuritaires et réhabiliter la région du Lac pour permettre aux populations de reprendre leurs activités ; la mise en place d’un système financier pour accompagner les populations vulnérables dans la zone; la mise en œuvre des politiques de développement en faveur des populations riveraines pour prévenir l’extrémisme violent et le mouvement terroriste et le développement des dispositifs et mécanismes harmonisés de prévention et de gestion de conflits liés à l’accès aux ressources, à travers la promotion de la bonne gouvernance et les initiatives locales, tout en assurant l’information et la sensibilisation des chefs traditionnels et des populations autochtones.
Sur le plan socio-économique, les participants à la rencontre de Niamey ont recommandé la reconnaissance de la valeur stratégique du Lac et de ses systèmes de production pour la sécurité alimentaire locale et régionale ainsi que pour l’emploi; la sécurisation des systèmes de production et les activités socio-économiques (Pêche, agriculture, élevage, commerce…), à travers la promotion de l’agriculture familiale, le soutien aux petits producteurs, la formation professionnelle des acteurs, l’emploi des jeunes, l’autonomie des femmes, et la valorisation et la transformation des produits locaux; l’amélioration des infrastructures sociales nécessaires aux besoins des populations riveraines; la création des conditions du processus de transfert des eaux pour alimenter le Lac Tchad et éviter une situation d’assèchement compromettante pour le développement des activités socio-économiques.
Sur le plan environnemental, la rencontre de Niamey a recommandé la reconnaissance de la valeur du Lac comme une réserve de biodiversité à préserver, notamment par la protection des espèces emblématiques et celles à haute valeur marchande, le contrôle de l’usage des produits phytosanitaires et l’interdiction de la prospection pétrolière dans le lac et les zones périphériques sensibles, et le respect strict des clauses liées à la protection de l’environnement par les compagnies pétroliers ; la valorisation des savoirs traditionnels et locaux pour capitaliser les bonnes pratiques en matière d’adaptation aux changements climatiques et protection de l’environnement et des ressources et l’information et la formation des communautés sur les enjeux du changement climatique et les négociations au niveau national, régional et international et surtout la sauvegarde du Lac Tchad ; ainsi que l’intensification du système de régénérations naturelles assistées, tout en prenant en compte les effets néfastes de certaines espèces végétales devenues envahissantes (prosopis); la promotion des énergies renouvelables et les emplois verts et la mobilisation des financements pour diligenter des recherches approfondies pour aider les prises de décisions.
Par rapport à la COP 21, les participants à la rencontre de Niamey ont demandé aux pays développés de clarifier la trajectoire vers les 100 milliards de dollars, avec des objectifs intermédiaires et la consécration d’une «grosse partie » du financement à l’adaptation ; de faciliter l’accès aux financements dédiés à l’Afrique, notamment en consolidant le cadre institutionnel, les entités nationales, les stratégies nationales, les capacités pour le montage de projets finançables et aux pays riverains du Lac Tchad une participation active dans les prises de décisions lors de la COP de Paris.