Inquiet pour les résultats de la conférence climat de Paris, le ministre de l’Économie forestière congolais, Henri Djombo appelle les pays riches à fournir l’essentiel des efforts internationaux pour limiter la hausse de la température terrestre.
Face aux dérèglements climatiques, “il y a une responsabilité commune mais différenciée” déclare M. Djombo dans un entretien accordé à l’AFP à Brazzaville.
Pour lui, “la responsabilité est historique et ceux qui sont responsables des émissions de gaz à effet de serre, du réchauffement actuel de la planète – et futur d’ailleurs – doivent prendre leurs responsabilités pleinement afin de s’engager dans des objectifs ambitieux”.
Les pays développés et les grands émergents sont à l’origine de l’écrasante majorité des émissions mondiales de gaz à effet de serre, facteur principal des dérèglements climatiques.
Sans dire expressément s’il tient pour autant responsables les pays développés et émergents, M. Djombo estime en tout cas que “les pays en développement ne sont pas le problème”.
“Le réchauffement est là […] tout le monde le subit, affirme M. Djombo, “si les pays qui polluent n’arrêtent pas de polluer pour que nous puissions contrôler notre avenir, il est évident que le réchauffement sera tellement élevé que les conséquences seront encore plus dramatiques sur la planète.”
Paris doit accueillir du 30 novembre au 11 décembre la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), dont le but annoncé est de parvenir à un nouvel accord pour tenter de contenir la hausse de la température moyenne de la planète depuis l’ère pré-industrielle à moins de 2°C.
Pour l’heure, les engagements annoncés par les pays apparaissent insuffisants par rapport aux préconisations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec.
Ministre de l’Économie forestière depuis 1997, M. Djombo est un vétéran des négociations internationales sur le climat. A quelques jours de l’ouverture de la COP21, il fait part de ses “inquiétudes” face au projet d’accord.
‘Démocratie climatique’
“La négociation traine encore à cause de la résistance de certains pays et il va falloir qu’ils se mettent à l’évidence et qu’il y ait une démocratie climatique qui s’exprime”, dit-il. “En diplomatie, il n’y a pas de petits États […] si le plus grand nombre veut cela, pourquoi la minorité veut nous imposer des calamités de demain ?”
“Il faut considérer que ceux qui polluent beaucoup doivent réduire beaucoup leurs niveaux d’émissions et que, de la même façon, ils soient les plus grands financiers des actions d’atténuation et d’adaptation dans les pays en voie de développement. Parce qu’ils sont responsables. Le pollueur doit payer”, dit encore le ministre.
La forêt primaire couvre environ les deux tiers du territoire de la République du Congo. A Paris, le pays espère voir récompenser les efforts qu’il a entrepris de longue date pour préserver son tissu forestier, qui représente plus de 11% des forêts denses du Bassin du Congo, dernier “poumon vert” de la planète, aujourd’hui menacé par l’activité humaine. M. Djombo attend ainsi des retombées financières qui aideront à la réalisation d’un vaste programme de développement “vert” du pays.
Lors de la COP21, la question du financement et du fonctionnement des mécanismes internationaux destinés à enrayer la perte du tissu forestier sera un des volets des négociations.
Pour l’heure, regrette M. Djombo, le projet de sauvegarde des forêts du Bassin du Congo a suscité l’intérêt des “pays les plus riches du monde” et des “grands bailleurs de fonds”, “mais quand il s’agit d’aller au fait et de financer des opérations, des projets sur le terrain, eh bien on se rend compte qu’il n’y a pas de suite”.
Pour éviter que les forêts de la région ne connaissent le sort de l’Amazonie ou de la forêt indonésienne, M. Djombo souhaite “que les meilleurs élèves puissent jouir des soutiens qu’il faut pour prouver aux populations riveraines” que la conservation des forêts “est un processus profitable”.
Sinon, prédit-il, “le déboisement va s’accélérer dans les zones où le besoin en bois-énergie se fait de plus en plus sentir, et là il sera difficile d’engager un bras de fer avec des populations qui ont besoin légitimement d’énergie”.
“Il faut que les financements (soutenant le reboisement et la lutte contre la déforestation) soient effectifs, il faut qu’on les mette sur la table [à Paris] comme tous les autres financements des autres mécanismes liés au climat”, et “nous les voulons simplifiés”, dit-il, “accessibles pas seulement au Congo [mais] à l’ensemble de la planète”.