Par Kanzly MIDEH
Le défi de réduire à moins de deux degrés Celsius les émissions de gaz à effet de serre comme convenu à la 17e conférence des Parties (COP17) en 2011 à Durban en Afrique du Sud, constitue une urgence impérative pour les gouvernants.
En prélude à la 21e Conférence des Parties (COP21) prévue en décembre prochain à Paris en France et qui se penchera sur l’état des engagements des différents pays, la Côte d’Ivoire est déjà à pied d’œuvre pour mieux répondre aux attentes.
Nul besoin de dire qu’il y a urgence de préserver notre planète. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un pic alarmant. Malgré l’alerte donnée à Durban en Afrique du Sud à l’occasion de la 17e Conférence des Parties (COP17) rares d’initiatives ont été prises par les Etats pour réduire la pollution.
C’est dans ce contexte d’échec général que Paris accueille la 21e Conférence des Parties (COP21) considérée comme l’ultime rendez-vous pour sauver la planète. En attendant, l’heure est aux préparatifs des contributions des différents pays. Et la Côte d’Ivoire s’y attèle activement.
Pour le ministre de l’Environnement, de la Salubrité et du Développement Durable, Rémis Alla Kouadio dont le département a la charge de finaliser les contributions déterminées au niveau national, il est important que toutes les parties prenantes qui participeront aux négociations de la COP21 soient outillées en renforçant leurs capacités.
« Ce qui va permettre d’assurer à notre pays une excellente participation et une prise de position reflétant les exigences du pays » a-t-il souligné au cours d’un point de presse.
Il faut dire qu’un premier draft des contributions rédigé au terme de huit mois de concertations, d’ateliers et de séminaires a été soumis en conseil du gouvernement ivoirien. Dans cette dynamique du renforcement des capacités, les acteurs de la société civile ainsi que des journalistes ont pu bénéficier des formations sur la problématique du changement climatique afin de leur permettre de jouer pleinement leur partition.
Des négociateurs dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) ont été également bénéficiaires des ateliers de remise à niveau.
Pour revenir sur la première mouture des contributions déterminées au niveau national (INDC/ CPDN), relevons qu’elle a été faite sur la base de la collecte d’avis et de propositions notamment en ce qui concerne l’adaptation et les moyens de mise en œuvre. Le principal enjeu autour de l’adaptation est d’impliquer, informer et de faire participer la majeure partie des acteurs intéressés afin d’assurer une appropriation nationale du processus de préparation des contributions prévues et déterminées au niveau du pays.
Par ailleurs, l’adaptation consiste à l’évaluation des pertes et des dommages engendrés par les changements climatiques en Côte d’Ivoire et à l’examen des principaux obstacles, lacunes et besoins requis pour réussir les actions humaines, institutionnelles technologique et financières. Quant à la mise en œuvre, elle va consister au financement des actions définies dans le document des contributions déterminées, aux transferts de technologie et à l’organisation institutionnelle.
Des négociateurs avec des arguments solides
Notons que pour réaliser et consolider son document de contributions prévues et déterminées pour la COP 21, la Côte d’Ivoire a bénéficié de la contribution d’un groupe d’experts et consultants français mandatés par la structure Expertise France et Artelia.
Selon Véronique Bruton, consultante du volet Adaptation au sein du groupe d’experts, pour une meilleure synergie entre l’adaptation et les moyens de mise en œuvre du document de contributions, il a été nécessaire de cibler 11 secteurs vulnérables dont six fortement vulnérables qui sont l’agriculture, l’utilisation des terres, la forêt, l’énergie, l’érosion du littoral et les ressources en eau.
Le chef de la délégation, Jacquelin Ligo a, quant à lui, indiqué que la Côte d’Ivoire devrait par la crédibilité de son document attirer les financements des bailleurs de fonds pour les projets de réduction d’émission de gaz à effet de serre.
C’est pourquoi, il faut reconnaitre le mérite du gouvernement ivoirien qui a tenu à renforcer les capacités de ses négociateurs afin de les amener à mieux défendre les choix et les positions de la Côte d’Ivoire contenus dans ce document de contributions déterminées au niveau national (INDC, acronyme en anglais).
En tout cas, de l’avis de l’éminent Dr Ahossane Kadio, Point focal National de la Convention et Négociateur en Chef de la Côte d’Ivoire, la sérénité est déjà de mise pour le rendez-vous de Paris. Et au Point focal de Transfert de technologies, Philippe Kumassi de rassurer que la Côte d’Ivoire à la COP 21 avec des arguments solides pour mobiliser le maximum de profits au cours de cette COP21 en faveur du pays.
Le point focal opérationnel du Fonds mondial de l’environnement (FEM) en Côte d’Ivoire, structure principale de gestion des financements des INDC, Alimata Bakayako Koné affirme que le pays bénéficie d’un fonds de soutien de 657 000 dollars soit plus de 300 millions de FCFA pour préparer efficacement sa participation à la COP 21.
Au niveau des autorités les choses sont prises à bras-le-corps. C’est ainsi que le ministre Rémi Allah Kouadio s’appuyant sur la déclaration du président américain Barak Obama en début août, a fait savoir que la Côte d’Ivoire devra faire davantage d’efforts pour réduire au maximum ses émissions de gaz à effets de serre.
Il exhorte tous les négociateurs à produire un document final solide, raisonnable et crédible. « Cela, afin que, d’un commun accord et d’une seule voix, nous puissions présenter nos INDCs reflétant toutes les préoccupations du gouvernement et de la population ivoirienne à la COP21 » a-t-il insisté. Ce qui vaut l’appel sensibilisateur du coordonnateur national INDCs, Marc Dobrey à toutes les parties prenantes de s’approprier du problème du changement climatique et émettre le moins possible des gaz à effet de serre.
Encadré
Selon les différentes études faites au niveau national, il ressort que pour les grands secteurs de pollution sont les suivants : pour l’énergie nous avons les commerces/résidentiel avec 73,3%, les industries d’énergie avec 12,5% et le transport avec 8,4%, l’Agriculture : les sols agricoles avec 71,5% et le brulage des résidus agricoles avec 14,8% et enfin les Déchets : les déchets solides contribuent le plus avec 94,0% des émissions totales des gaz à effet de serre.