Par Hubert Didier Madafime
Ce rapport soumis dans le cadre du nouvel accord du régime climatique mondial, reste tout de même provisoire et a besoin, selon quelques indiscrétions, d’être amélioré et le sera, avant le grand rendez-vous de Paris.
D’ailleurs, comme tous les pays africains, invités à faire part de leurs contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN), le Bénin tient ainsi le pari. Il faut faire remarquer, que ce rapport a été finalisé après un atelier convoqué, le 4 aout 2015, à l’Infosec à Cotonou, par le Ministère béninois, chargé de la gestion des changements climatiques. La plupart des acteurs du climat était présent.
On peut alors, sans risque de se tromper, indiquer, que ce rapport est le fruit d’un consensus national. Et quand on passe ce rapport à la lecture, on comprend l’engagement du Bénin à soutenir l’effort pour la lutte contre les effets du climat. Le Bénin, sans nul doute, fait partie des pays vulnérables, néfastes du changement climatique.
Ces effets se manifestent déjà par la survenue fréquente de phénomènes climatiques tels que les inondations, les sècheresses et les vagues de chaleur.
Atténuation
Fort de ces considérations, le Bénin dans sa soumission, présente une contribution à l’atténuation de GES fondée sur des mesures (stratégies, programmes, projets) pour la période 2016 – 2030 avec une spécification des secteurs d’activités et des gaz à effet de serre considérés.
La réduction des émissions escomptée est de 5 Mt E CO2 (cumul des émissions évitées) pendant la période 2020-2030 par rapport au scénario maintien du statu quo pour le secteur de l’énergie. En ce qui concerne le secteur de la foresterie, la mise en œuvre des mesures visant à limiter la déforestation pourront permettre de réduire le niveau des émissions liées au secteur ATCAFT pour une valeur cumulée estimée à 115 Mt E CO2 pour la période 2020-2030.
Au total, la réduction des émissions escomptées est de 120 Mt E CO2 pendant la période 2020-2030 par rapport au scénario maintien du statu quo dans les secteurs énergie et ATCATF. Par ailleurs, la mise en œuvre des aménagements durables des forêts naturelles et le renforcement des efforts de reforestation/plantation contribueront à l’augmentation de la capacité de séquestration du pays par les écosystèmes forestiers, dont le cumul total est estimé à 163 Mt CO2 sur la période 2020 à 2030.
La séquestration du carbone due aux efforts nationaux de reforestation/plantation constitue la contribution inconditionnelle de la République du Bénin.
Adaptation
Les études et évaluations de vulnérabilité et d’adaptation conduites dans le cadre de l’élaboration du Programme d’Action National aux fins de l’Adaptation aux changements climatiques (PANA, 2008) et de la Deuxième Communication Nationale (DCN, 2011), ont montré que les secteurs de l’agriculture (y compris la production végétale, la production animale, la pêche et l’aquaculture), des ressources en eau, de la santé humaine, de la foresterie et de la zone côtière, etc. qui constituent les principaux secteurs de développement du Bénin sont vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques.
Sur les huit Zones Agro-Ecologiques que comporte le Bénin, quatre ont été identifiées comme les plus vulnérables aux changements climatiques à savoir : les zones agro-écologiques 1 (extrême nord), 4 (zone Nord Donga Ouest Atacora) 5 (zone cotonnière du Centre), 8 (zone des pêcheries).
Ainsi, toutes initiatives, mesures et actions visant à réduire la vulnérabilité de ses systèmes naturels et socio-économiques sont prioritaires pour le Bénin afin de lui permettre de s’adapter aux effets pervers des changements climatiques. Selon les études et évaluations, six (06) risques climatiques majeurs ont été identifiés au plan national à savoir : les inondations, les sécheresses, les vents violents, les pluies violentes, les chaleurs excessives et l’élévation du niveau de la mer.
Les manifestations de ces risques ont engendré au cours des trois dernières décennies de nombreux impacts en l’occurrence la baisse des rendements agricoles, la perturbation des calendriers agricoles, la baisse des niveaux d’eau dans les barrages d’approvisionnement en eau potable, la prolongation de la période d’étiage et la submersion des berges. Les niveaux de vulnérabilité au plan national, sont en général moyens et parfois élevés.
Face aux impacts observés des changements climatiques, un certain nombre d’activités d’adaptation sont mises en œuvre. On peut retenir entre autres : les séances d’information et de sensibilisation sur les enjeux et défis de l’adaptation (PANA), les publications de bulletins agro-météorologiques (PANA1), le renforcement des capacités sur les questions relatives à l’Adaptation aux Changements Climatiques (ACC), la mise en place de systèmes agro-météorologiques, l’adoption et la promotion de pratiques de cultures de variétés à cycle court, la promotion de l’agroforesterie, le développement de la pisciculture en cages flottantes et en bacs hors sol, la mise en œuvre du Système d’Alerte Précoce, l’aménagement des bas-fonds.
Il est à noter que la plupart de ces activités ont été exécutées dans le cadre de Programmes et Projets dont le PANA, le PANA1, le PARBCC, PRECAB etc.
Financement
Les activités relatives aux volets atténuation et adaptation en cours et prévues dans le cadre de la mise en œuvre de l’INDC du Bénin requiert des moyens financiers, technologiques et le renforcement des capacités.
A propos du financement, l’appui financier extérieur (multilatéral ou bilatéral) sera complété par les ressources du Budget National. Le renforcement des capacités consistera au développement des compétences et de l’amélioration des capacités institutionnelles.
En ce qui concerne les ressources technologiques, l’accent doit être mis sur les technologies endogènes et le transfert Sud-Sud et Nord-Sud y compris le savoir-faire nécessaire. Le coût total estimatif pour l’exécution des plans, programmes et projets inscrits au titre de l’INDC s’élève globalement à $30 milliards.
En dépit de sa responsabilité très négligeable dans le réchauffement climatique et son appartenance aux groupes des Pays les Moins Avancés (PMA), le Bénin s’est doté d’un Programme National de Gestion des Changements Climatiques (PNGCC).
Conscient des enjeux de la COP21 de Paris, le Bénin se propose de se rallier aux idéaux et aux positions qui soutiennent sans conditions le nouvel accord qui marquera un pas significatif vers l’atteinte de l’objectif ultime de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Enfin, ce rapport qui ne saurait être exhaustif, revêt un caractère dynamique et pourrait à la lumière de nouvelles données et informations disponibles, répondre au mieux aux attentes de la communauté internationale.