Quelque 4,5 millions d’Éthiopiens ont besoin d’aide alimentaire en 2015, soit 55% de plus que prévu, en raison de précipitations particulièrement faibles durant la petite saison des pluies et du phénomène climatique El-Niño qui pourrait aggraver le phénomène, selon une étude conjointe gouvernement-ONU.
D’après cette étude, portant sur les six premiers mois de l’année, 1,6 million de personnes supplémentaires auront besoin d’aide par rapport aux 2,9 millions initialement prévus, indiquent l’Unicef, Ocha et le PAM dans un communiqué, ajoutant que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère a augmenté de 14,4% entre février et mai.
“Les petites pluies (mars à mai) ont été bien plus faibles qu’anticipé en début d’année par l’Agence nationale de météorologie, avec pour résultat une aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition”, a expliqué David Del Conte, directeur à Addis Abeba du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
“L’absence de pluies signifie que les cultures et l’herbe ne poussent pas (…) et que les gens ne peuvent plus nourrir leur bétail”, a-t-il souligné.
Les zones les plus touchées sont les régions Afar (Est) et Somali (Sud). Dans son rapport d’août, le Réseau d’alerte précoce de la famine (FEWS Net) observe aussi que les pâturages et les ressources en eau sont anormalement bas dans l’Oromo (centre et Est), le Tigré et l’Amhara (Nord), décrivant du bétail “émacié” et en “mauvaise condition”.
Le gouvernement éthiopien a débloqué 33 millions de dollars d’aide d’urgence, mais l’ONU estime à 230 millions de dollars les besoins alimentaires d’urgence en Éthiopie d’ici fin 2015. Des responsables humanitaires s’inquiètent de la lenteur de la distribution de l’aide dans les zones touchées, dont une partie est retardée par l’engorgement du port de Djibouti.
L’insécurité alimentaire est un sujet sensible en Éthiopie, dont le gouvernement souhaite faire oublier les terribles images de la famine des années 1984-85 et met en avant le développement spectaculaire du pays ces dix dernières années.
Les autorités conservent des stocks de céréales (estimés actuellement à 400.000 tonnes) et ont développé un système d’alerte précoce des zones où la faim menace. Mais près de 20 millions d’Éthiopiens vivent toujours sous le seuil de pauvreté et restent vulnérables aux aléas climatiques, dans un pays essentiellement rural.
L’ONU craint que le phénomène El Niño n’affecte également la principale saison des pluies en cours. “Une absence de petites pluies suivies par une faible saison des pluies signifie que les difficultés vont continuer jusque dans le courant de l’année prochaine”, prévient John Aylieff, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Ethiopie.