Par Illa Kané
En cette fin du mois de juin, la saison hivernale ne s’est toujours pas bien installée au Niger où elle débute généralement à la fin du mois de mai.
Une telle situation n’est pas sans poser des inquiétudes, notamment dans les rangs des agricultures et des éleveurs dont les activités dépendent essentiellement des eaux de pluie. «L’année passée à cette période nous avions déjà fini le deuxième sarclage et le mil était au stade d’épiaison. Mais vous voyez que cette année on n’a même pas semé», se lamente ce paysan de la périphérie de Niamey.
Dans les autres régions du Niger, les échos qui parviennent sont tout aussi inquiétants quant au sort de la saison hivernale 2015 au Niger. «Nous avons certes semé suite à la première pluie qui est tombée il y a de cela une dizaine de jours. Le mil a poussé, mais il n’y a jamais eu une autre pluie et du fait de la forte chaleur, les semis sont en train de se consumer», témoigne M. Chaïbou, un agriculteur du département de Dogondoutchi, dans la bande sud du Niger.
Tout comme les agriculteurs, les éleveurs ont aussi les regards tournés vers le ciel car sans pluie il n’y aura pas de pâturage pour les animaux. «Nous avons déjà des difficultés à nourrir nos animaux et si la sécheresse dure quelques semaines de plus, ça va être la catastrophe», se plaint un éleveur du département de Ouallam, situé dans l’ouest du Niger.
«Si jamais la saison hivernale de cette année ne donne pas de bons résultats, ça sera une véritable catastrophe pour le Niger qui compte déjà plus de 3 millions de personnes en proie à l’insécurité alimentaire, selon les organisations humanitaires. Vous savez que le pays est déjà engagé dans les préparatifs des prochaines élections et qu’il est en train de gérer la guerre contre la secte Boko Haram. Où pensez-vous qu’on va trouver les ressources financières nécessaires pour faire face à autant des défis?», commente un analyste.
Au sein de l’opinion, les commentaires vont bon train les raisons qui pourraient expliquer ce retard dans l’installation de la saison hivernale. Dans ce Niger à plus de 95% de confession musulman, beaucoup pensent que l’absence de pluie est comme une sorte de punition de Dieu contre certains comportements comme la débauche, la corruption et l’usure, entre autres.
C’est pourquoi tout au long des prêches il est rappelé aux citoyens et aux dirigeants leur devoir de se conformer aux préceptes de l’Islam et d’éviter tout comportement de nature à attirer la colère de Dieu sur la communauté. En face, les scientifiques donnent une autre explication à cette arrivée tardive des pluies.
Selon M. Ousman Baoua, ingénieur météorologue à la Direction de la Météorologie Nationale (DMN), le Niger n’est pas le seul pays à connaître ce retard dans l’installation de la saison hivernale 2015. Il explique que c’est un phénomène propre à tous les autres pays de l’Afrique de l’ouest et qu’il est dû à un réchauffement constaté au niveau de l’Océan pacifique, ayant eu pour conséquence de réduire considérablement l’humidité.
Pour le cas du Niger, l’ingénieur météorologique ajoute que c’est surtout dans la partie ouest du pays que le retard observé doit susciter des inquiétudes et que même à ce niveau l’espoir est permis car la situation peut s’améliorer dans les prochains jours.
Pays du Sahel avec plus de deux tiers (2/3) de son territoire gagnés par le phénomène de la désertification, le Niger est régulièrement confronté à des mauvaises hivernales, en raison des conséquences des changements climatiques comme la rareté des pluies ou même inondations qui ravagent des aires importantes de cultures et de pâturage.
Cette situation expose le pays à des crises alimentaires chroniques pour être obligé de faire fréquemment recours à des aides internationales.
bonsoir,je préfère toujours les nouvelles.
merci
je compte sur vous