Par Kané Illa
Depuis son engagement dans la guerre contre la secte islamiste Boko Haram, le Niger fait régulièrement l’objet des assauts de cette organisation terroriste sur son territoire, principalement dans la région de Diffa qui fait frontière avec la partie Nord du Nigéria où sévit Boko Haram.
La situation est telle que de milliers d’habitants de cette région ont dû, volontairement ou sur ordre des autorités nigériennes, quitter leurs villages et hameaux pour se retrouver en situation des réfugiés qui ne peuvent désormais que compter sur l’assistance des organisations humanitaires.
La dernière attaque en date de Boko Haram sur le territoire nigérien a été opérée dans la nuit du 17 au 18 juin dernier et a concerné trois villages de la région de Diffa que sont Lamana, Boulamari et Ougoumaou. Les combattants de la secte islamiste y ont tué 38 personnes dont 14 hommes, 14 femmes et 10 enfants.
Avant de répartir, les assaillants ont brûlé tout ce qu’ils ont trouvé sur leur passage, notamment les stocks de vivres et les animaux. Du coup, les habitants des villages qui ont réussi à sauver leur peau s’étaient retrouvés sans nourriture. C’est à ces habitants en détresse que le Programme alimentaire mondial (PAM) a décidé, en partenariat avec l’ONG Care International, d’apporter une aide alimentaire d’urgence.
Ainsi, d’après un communiqué de presse publié par le PAM ce mercredi 24 juin et dont www.climatereporters.com a reçu copie, ce sont près de 5000 personnes qui ont reçu une ration alimentaire d’un mois, composée de 100 kg de riz, de 20kg de légumineuses et de 4 kg de d’huile par ménage dans les trois villages concernés.
En outre, les enfants âgés de 6 à 59 mois et les femmes enceintes et allaitantes ont reçu respectivement 6 kg de Supercereal, un produit à haute valeur nutritive et du 7,5 Super Cereal et 0,75 kg d’huile pour prévenir la malnutrition.
«Nous sommes horrifiés par ces attaques sur des populations vulnérables, en insécurité alimentaire et nutritionnelle. La situation humanitaire à Diffa est encore plus difficile en cette période de soudure et les récents évènements ne font qu’accroitre la souffrance des ménages très pauvres.
Cette assistance du PAM constitue une réponse supplémentaire pour alléger le fardeau de la faim et de la malnutrition de ces populations» a déclaré Benoit Thiry, Directeur pays du PAM-Niger, cité par le communiqué de presse. Cette aide du Programme Alimentaire Mondial intervient quelques jours après celle apportée par le gouvernement nigérien aux mêmes populations des trois villages victimes des attaques de Boko Haram.
Selon un communiqué du Cabinet du Premier ministre publié le 18 juin, l’aide gouvernementale était composée de 70 tonnes de vivre, 2100 couvertures, 2100 moustiquaires, 2100 nattes, 1400 seaux, 233 cartons de savon et 700 pièces de pagnes. Le PAM indique que son défi majeur est de bénéficier de financements suffisants et constants afin d’assister les ménages les plus vulnérables.
L’organisme onusien entend augmenter son assistance à près de 130.000 personnes, y compris les autochtones très pauvres, les déplacés (refugiés/rapatriés) du Nigéria et les déplacés internes, notamment à partir de ce mois de juin qui coïncide avec le début de la période de soudure.
En plus des attaques de la secte Boko Haram, la région de Diffa était déjà exposée à une insécurité alimentaire chronique en raison du tarissement du Lac Tchad, dont elle dépend beaucoup, en lien avec les changements climatiques.