Par Kané Illa
A partir de la prochaine saison hivernale qui débute entre fin mai et début juin, la diffusion des informations météorologiques et agrométéorologiques se fera au moyen des téléphones portables dans des villages de huit (8) communes du Niger.
Cela est une initiative du projet PANA (Programme d’Action National d’Adaptation) qui intervient dans l’adaptation du secteur agricole et celui de l’eau aux changements climatiques, grâce au financement du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et la Facilité pour l’Adaptation aux Changements Climatiques (FACC) du Canada à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Les villages concernés par la diffusion des informations météorologiques et agrométéorologiques sont ceux que le projet PANA a déjà dotés en pluviomètres SPIEA. Dans chacune de ses huit communes d’intervention, le projet a choisi dix villages et a doté chacun d’eux de deux pluviomètres.
Chaque pluviomètre est observé par deux paysans. Après chaque pluie, ces derniers font des relevés pluviométriques qu’ils envoient à la Direction de la Météorologie Nationale qui s’en sert pour produire des informations agrométéorologiques. C’est sur la base de ces informations que les agriculteurs adoptent les comportements utiles face aux différents caprices du climat.
Au début, les paysans observateurs des pluviomètres transmettaient les relevés pluviométriques à travers les services communaux et départementaux de l’agriculture, les opérateurs radio des préfectures et la radio Présidence. Une étude commanditée au mois d’avril 2014 par le projet PANA a fait ressortir qu’à travers un tel circuit de transmission, les données arrivaient avec beaucoup de retard aux services de la météo et que cela avait des impacts sur la qualité des informations agrométéorologiques produites.
C’est ainsi qu’est née l’idée de la diffusion des informations météorologiques et agrométéorologiques au moyen des téléphones portables. Ainsi, le projet a créé une plateforme d’échanges directs entre les paysans et les services de la météorologie nationale à travers des messages SMS. Les paysans des différents villages ont été dotés des téléphones portables et formés sur les techniques de codage des informations météorologiques et agrométéorologiques par le projet. «Désormais, chaque paysan peut directement envoyer ses données à la météorologie et en temps réel.
Cela nous permettra de produire des informations agrométéorologiques de qualité», explique Ousmane Baoua, ingénieur météorologue ayant assuré la formation des paysans. Cette initiative du projet PANA a aussi un autre avantage pour les paysans. Il s’agit du coût d’envoi d’un relevé pluviométrique qui est désormais très négligeable par rapport à celui qu’ils supportaient avant.
«Au début il nous arrivait de dépenser entre 150 et 200 FCFA pour envoyer un seul relevé pluviométrique puisqu’il fallait appeler les différents membres de la chaîne. Mais maintenant l’envoi d’un relevé va seulement nous revenir à la modique somme de 1FCFA.
Nous avons rarement trente (30) pluies par saison hivernale ici. Cela veut dire que pour l’ensemble des relevés pluviométriques que nous allons envoyer, nous n’allons pas dépenser le tiers de ce que nous dépensions avant pour un seul relevé», se réjouit Issaka Djibo, paysan observateur de pluviomètre du village de Garin Mahaman dans la commune de Roumbou.