Une rencontre tenue au Vatican le 28 avril sur les changements climatiques est peut-être le point de départ d’une campagne dans laquelle s’engagera le pape lui-même jusqu’à la conférence de Paris, en décembre.
Les observateurs avaient révélé il y a quelques mois qu’une encyclique – c’est-à-dire un document détaillant la position officielle de l’Église catholique – était en préparation. La rencontre du 28, réunissant des théologiens, des diplomates, une vingtaine de représentants d’autres religions et autant de scientifiques, a pour but de préparer le terrain à l’encyclique : selon diverses sources, le texte en latin serait déjà complété, et les traductions, en cours.
Consacrée aux « dimensions morales des changements climatiques », cette rencontre visait en particulier à faire le pont entre les dégâts causés à l’environnement et « l’exclusion sociale ». À ce sujet, un document publié cette semaine par l’Académie pontificale des sciences est on ne peut plus clair : « Les inégalités croissantes de richesses et de revenus, la perturbation mondiale des systèmes physiques du climat et la perte de millions d’espèces qui soutiennent la vie sont les manifestations les plus choquantes de cette situation qui ne peut se perpétuer.
L’extraction continue de charbon, de pétrole et de gaz suivant le modèle “business as usuel” créera bientôt des risques existentiels graves pour les 3 milliards de gens les plus pauvres, et pour la génération à venir. Les changements climatiques résultant essentiellement d’une consommation non durable par environ 15 % de la population mondiale sont devenus une question éthique et morale dominante de notre société. »
Un pont semble également suggéré vers l’économie. Dans son discours d’ouverture, le secrétaire général des Nations Unies a souligné : « Ensemble, les grandes religions […] vous êtes le troisième plus grand groupe d’investisseurs dans le monde. Je vous encourage à investir dans les solutions d’énergie propre qui bénéficieront aux pauvres et rendront l’air plus propre. »
Des groupes conservateurs ont manifestement jugé qu’il était en train de se passer quelque chose d’important à Rome : selon un reportage du New York Times, certains sont « alarmés » par cette rencontre du 28 avril et ont mené diverses initiatives de lobbying pour contrer un discours qu’ils jugent trop orienté vers les gaz à effet de serre.
On y cite notamment une auteure catholique pour qui le pape François utilise sa position pour « tromper la population ». En janvier, une déclaration du pape sur le climat lui avait valu d’être qualifié « allié de l’extrême gauche » par un influent groupe conservateur américain.
Ce n’est pourtant pas le premier chef religieux à parler des changements climatiques. En 2009, l’archevêque de Canterbury et d’autres dignitaires britanniques avaient fait de l’action contre les causes du réchauffement climatique un « impératif moral ». Et en février, la présidente de l’Église épiscopale américaine, Katharine Jefferts Schori, a déclaré que ceux qui attribuent au réchauffement des causes purement naturelles sont « guidés par l’avidité et des intérêts politiques égoïstes ».
Agence Science Presse